-Fouad BENJLIKA-
Marrakech - Dotée d’une multitude de festivals et de manifestations culturels à caractère local, national et international, la région de Marrakech-Safi a su tirer profit de ses énormes potentialités pour développer au fil des années un véritable tourisme culturel qui a contribué au renouveau culturel et socio-économique de cette région du Royaume.
Cette dynamique culturelle qui a touché tous les aspects culturels et artistiques (cinéma, théâtre, musique, arts plastiques, livre, poésie, folklore entre autres), a contribué à faire de cette région du Maroc, un cœur battant de la culture et du dialogue multiculturel entre les civilisations.
Ce rayonnement culturel a incité Cités et Gouvernement Locaux Unis d’Afrique (CGLU) à désigner Marrakech "Capitale Africaine de la culture 2020".
Ainsi en 2020, cette ville millénaire inscrite doublement au patrimoine universel, d’abord à travers sa médina depuis 1985 mais aussi la place Jamaa Lafna en tant que patrimoine immatériel en 2001, portera les couleurs de la culture africaine.
Les Capitales Africaines de la Culture qui seront lancées pour la première fois, constituent une initiative fédérant et valorisant les expertises, les savoir-faire et les compétences sur le continent et dans la diaspora qui font l’Afrique d’aujourd’hui et pensent le monde de demain.
Le fait culturel marquant à Marrakech durant l’année qui s’achève, reste sans aucun doute l’organisation de la 18ème édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), qui a permis à un très large public d'aller à la rencontre de différentes expressions cinématographiques issues des cinq continents, confirmant ainsi la popularité et la pertinence de ce rendez-vous artistique majeur.
L'engouement du grand public pour les différentes sections du Festival n'a d’ailleurs pas faibli durant les neuf jours de l’événement et ce, dès les premières projections du matin. Cinéphiles, étudiants, touristes et grand public sont allés à la rencontre d’œuvres originales du monde entier.
Cette 18ème édition a été notamment marquée par l'hommage rendu à quatre grands noms du cinéma marocain et international.
Le public ne pourra jamais oublier l’émotion de l’acteur, réalisateur et producteur américain Robert Redford qui a reçu l’Etoile d’Or du Festival des mains de l’actrice Chiara Mastroianni et de la réalisatrice Rebecca Zlotowski, devant une salle archi-comble, qui a longuement applaudi, debout, ce grand artiste.
Le cinéaste français Bertrand Tavernier a affirmé, lors de sa cérémonie d’hommage, que "le Festival de Marrakech permet d’ouvrir des fenêtres sur le monde et de transgresser les frontières".
La star indienne Priyanka Chopra Jonas a, pour sa part, eu droit à un hommage populaire sur la place Jemaâ El Fna, au milieu de ses fans venus par milliers l’acclamer durant une soirée restée mémorable.
Autre moment fort de cette édition, le vibrant hommage rendu à l’icône marocaine Mouna Fettou.
Le Festival a rendu hommage au cinéma australien, considéré comme l’un des plus anciens au monde mais également l’un des plus prolifiques aussi bien en termes de talents que de grands films internationaux.
Comme à son habitude, le Festival International du Film de Marrakech a réservé une place de choix aux professionnels et au cinéma marocain. Les cinq films programmés dans le cadre de la section "Panorama du cinéma marocain" ont fait salle comble, au même titre que les longs métrages programmés dans le cadre des autres sections du Festival. Un public enthousiaste, avide d’images et d’histoires locales qui a longuement applaudi les productions nationales projetées, dont certaines en première mondiale.
La 18ème édition du Festival International du Film de Marrakech aura ainsi tenu toutes ses promesses, confirmant le positionnement du FIFM comme un rendez-vous cinématographique et culturel majeur au Maroc et dans la région.
Le Festival national des Arts populaires (FNAP), organisé à la cité ocre du 02 au 06 juillet dernier, traduit la diversité de cet important patrimoine culturel immatériel qui fait la fierté des Marocains.
Considérée comme l’un des plus importants et les plus anciens festivals qui traduisent la diversité culturelle caractérisant le Royaume et déclarée par l’UNESCO comme chef d’œuvre du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité (depuis le 04 juillet 2005), cette manifestation culturelle vient confirmer l’attachement des Marocains à leur patrimoine, leur histoire et leur culture et racines.
Cette 50è édition du festival a battu tous les records avec plus de 300.000 spectateurs pour les cinq sites des spectacles, plus de 760 artistes et plus de 60 troupes participantes.
La 9e édition du Marrakech du Rire, qui s’est tenue du 12 au 16 juin dernier, a réuni plus de 80.000 festivaliers, 8 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et 70 millions de téléspectateurs.
Cette édition a marquée par l’organisation d’un Gala Afrika. L’humoriste d’origine ivoirienne Amoutati était entouré de nombreux artistes africains pour rendre un hommage tout en humour à l’Afrique subsaharienne avec un spectacle mêlant chant et danse.
Le public avait rendez-vous aussi avec la troupe Humouraji, Malek Bentalha, Marion Mezadorian, Jalil Tijani, Booder et la troupe du Jamel Comedy Club.
Le Festival de la poésie marocaine, qui a soufflé cette année sa deuxième bougie, a célébré la création marocaine et la diversité de ses affluents, de même qu’il a contribué à renforcer les canaux de dialogue interactif entre les poètes, les artistes et les créateurs qui se réunissent pour fêter ensemble les valeurs d’amour, de paix et de fraternité.
L’organisation de ce festival à Marrakech vient confirmer la position civilisationnelle et culturelle de cette cité connue pour son riche patrimoine matériel et immatériel, qui lui ont conféré une place éminente en tant que lieu de rencontres et d’interaction entre les différentes cultures et civilisations.
La 1ère édition du Festival international cinéma et littérature de Safi (FICLS), organisée du 25 au 31 octobre dernier, est une manifestation artistique de nature à favoriser un dialogue multiculturel sur la base de regards croisés sur le cinéma et la littérature.
Cette manifestation vise aussi à revivifier la dynamique cinématographie qui caractérisait la cité de l’Atlantique, une ville qui compte l’un des plus anciens clubs de cinéma au Maroc, et à offrir aux habitants de la région et ses visiteurs, une réelle occasion d’enrichir leurs connaissances dans les domaines du cinéma et la littérature.
Les films de la compétition officielle étaient issus du Maroc, la France, le Canada Québec, la Turquie, la Tunisie, l’Egypte, le Cameroun, l’Espagne, le Canada et la Russie.
Le festival qui a investi différents espaces de Safi (Cité des Arts, Cinéma Atlantide, des centres culturels, des maisons de jeunes, des internats d’établissements scolaires), comportait également des projections en plein air sur la Place Moulay Youssef.
Au programme de cette manifestation figurent aussi des hommages rendus à des personnalités du monde du cinéma et de la littérature, dont le producteur et réalisateur camerounais Daniel Kamwa, la réalisatrice et scénariste Farida Benlyazid, la chanteuse de l’aita Aida, l’éditrice Layla Chaouni, le scénariste Ali Smai, l’avocat et cinéphile Abdellah El Ouezzani, en plus d’un hommage posthume à Michel Galabru, comédien français né à Safi en présence de sa fille Emmanuelle Galabru.
Les œuvres cinématographiques qui ont été projetées, ont été adaptées au cinéma d’œuvres littéraires d’écrivains célèbres tels que Fouad Laroui, Mahi Binebine, Jean Genet, Marcel Dubé, Roman Gary, Marguerite Duras, F. Garcia Lorca, Léon Tolstoï entre autres.
La saison culturelle sera clôturée de la belle manière le 29 décembre avec la 3ème édition de "Stars in The Place", un rendez-vous artistique annuel devenu désormais incontournable de la scène culturelle de la cité ocre.
Cette année, cet événement artistique célèbre la citoyenneté à travers un concert qui réunira des artistes d’exception.
Ainsi, Maître Gims sera entouré de Dadju, Lartiste, Aminux, L7or et Mohamed Ramadan pour offrir au grand public une soirée haute en couleurs et riche en émotions.
Concert annuel 100% gratuit, "Stars in The Place" est un concept porté par Maître Gims, qui invite ses amis artistes pour partager leur passion pour le Maroc et pour Marrakech.
Embellissant l’agenda artistique de la cité ocre, "Stars in The Place" offre, cette année, une affiche exceptionnelle et une programmation qui traduit la volonté de l’événement à véhiculer l’esprit de partage, de fraternité et de tolérance entre les peuples et les générations.
La place Jemaa El Fna sera illuminée à cette occasion, de mille et une couleurs, avec une mise en lumière de plusieurs sites historiques de la place et une fin de show tout en apothéose.
Destination touristique mondialement connue, Marrakech dispose d’une importante infrastructure hôtelière, touristique, événementielle, sportive et culturelle très dense comme en témoigne le tissu des musées, des centres d’art traditionnels et contemporains.
L’infrastructure culturelle de la cité ocre s’est enrichie cette année avec l’ouverture de deux grands musées. Le Musée de l’Art Culinaire Marocain, inauguré en octobre dernier, a pour vocation de faire connaître, préserver et transmettre une cuisine à la fois vivante et ancestrale.
Un musée privé de la musique a aussi vu le jour à la cité ocre. Située au cœur de la médina de Marrakech, dans le musée Mouassine, cette structure culturelle vient mettre en avant le multiculturalisme musical qui caractérise le Royaume, dont la culture artistique s’est nourrie à travers son histoire de multiples traditions musicales.
Ce musée de la musique souhaite devenir un des porte-voix de la diversité musicale et de la création au Maroc.
Le musée a aussi pour vocation la constitution d’une banque d’informations sur la musique au Maroc.
Véritable expérience musicale et visuelle, le musée de la musique présente des instruments, des photographies et des vidéos. Le parcours déploie pour le visiteur des clés d’accès à la compréhension de la musique marocaine.
La région connait aussi une dynamique sans précédent de restauration, réhabilitation et préservation du patrimoine matériel et immatériel, a indiqué à la MAP, le directeur régional de la culture à Marrakech, Aziz Boujamid.
Il s’agit notamment du projet de restauration du Palais Badii (8,5 MDH), l’aménagement du site historique de la Koutoubia achevé cette année (1,5 MDH), l’aménagement et restauration de la Koubba Almoravide (1 MDH) ainsi que les remparts entourant le Palais Bahia.
Au niveau de Safi, la Direction régionale de la culture a programmé pour l’année prochaine un projet de restauration de Dar Soltane (Ksar Sultan) alors qu’au niveau du site archéologique Ighoud (province de Youssoufia), le ministère compte réaliser un centre d’études préhistoriques.
Et de préciser que le souci de la Direction consiste à faire bénéficier les autres provinces et les villes émergentes de la dynamique culturelle au même titre qu’Essaouira, Marrakech, Safi et Al Haouz et ce à travers la réalisation de centres culturels aux normes internationales.
Le président du Centre international de la culture, Arts et du développement (CICAD), Abdelkrim El Mnaoui, a noté de son côté, que Marrakech est dotée de toutes les potentialités culturelles à même de lui permettre de contribuer à l’émergence d’un véritable tourisme culturel.
Cependant, les réalisations ne doivent pas occulter certaines problématiques relatives à l’amélioration des conditions de vie des artistes locaux, qui sont les véritables moteurs de cette dynamique, a-t-il ajouté, appelant à appuyer les moussems qui contribuent grandement à la préservation du patrimoine culturel populaire.