"La période post Covid-19 sera une ère marquée par des besoins de financement importants de la part des Etats. Dès lors, les banques centrales devront mettre en place les bonnes incitations pour leur permettre de mener des politiques économiques porteuses de croissances fortes, soutenables et inclusives à travers différents leviers", ont fait savoir l'économiste senior, Mouhamadou Moustapha Ly et l'assistant de recherche en économie au Policy Center for the New South, Fahd Azaroual, auteurs d'un rapport intitulé : "Économies africaines post covid-19 : au-delà de l’émotion, des politiques économiques audacieuses".
Le premier levier est relatif aux politiques monétaires expansives des banques centrales dans les économies avancées, expliquent-ils, ajoutant que dans ce contexte, la Réserve Fédérale américaine annonce être prête à injecter des montants très importants (en trillions de dollars) pour aider à fluidifier le marché financier, surtout dans sa composante de financement à court terme.
La Banque centrale européenne, quant à elle, renforce le fonds dédié à l’achat de bons émis par les trésors publics de la zone (e.g. Italie) et augmente les prêts bon marché qu'elle accorde aux banques.
Ainsi, le marché financier international sera suffisamment provisionné en liquidités créant les conditions pour un (dollar ou euro) carry trade sur le marché international des capitaux. De telles disponibilités en capitaux, estiment les analystes, permettront aux économies en développement un accès (à un coût raisonnable) aux capitaux pour soutenir leurs activités économiques.
"Le second levier consiste en le soutien que les banques centrales apportent aux États dans leurs efforts d’investissement. Sur ce point, les récentes mesures prises par la BCEAO font figure de muse pour les Etats et autres banques centrales", affirment MM. Ly et Azaroual.
En augmentant immédiatement son appui à la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la BCEAO permet à la banque de développement commune aux huit pays de l’Union les moyens d’être en mesure d’apporter son soutien aux projets d’infrastructure (et autres) des États ouest africains.
En outre, "un levier s'avère aussi être la marge de manœuvre des États qui doit être exceptionnellement élargie. En d’autres termes, pour les économies membres d’une union monétaire ou en programme sous conditionnalité avec une institution multilatérale dans les circonstances actuelles", soulignent-ils.
A cet effet, les critères de convergence imposés aux Etats de l’UEMOA devraient faire l’objet d’une suspension et permettre aux Etats des niveaux de déficit primaire supérieurs à 3% et un endettement qui pourrait être fixé à plus de 80% pour une période donnée, relève l'analyse.
Or, "cela ne constitue pas pas un "blanc seing" aux Etats, et la commission de l’UEMOA pourrait surveiller l'orientation de ces dépenses et limiter le fait qu'elles soient exclusivement dédiées aux activités courantes", soulignent les auteurs.
Sur le continent africain, la délicate période d’après pandémie qui suivra requiert des politiques économiques de soutien aux PME/PMI, avec un accent particulier mis sur le rôle important joué par les banques centrales en utilisant l’instrument monétaire de façon plus directive. Mais cette politique du crédit bancaire (et des taux) devra tenir compte de la particularité de cette "crise économique Covid-19", qui est avant tout un choc d’offre, afin d’éviter toute dynamique inflationniste hors de contrôle, préconisent-ils.
Publié par PCNS, ce rapport de 14 pages s’inscrit dans une série de documents publiés par le Centre et dédiés à la pandémie Covid-19 et ses différentes répercussions internationales.