Analysant cette conjoncture exceptionnelle que vit le Maroc et la planète entière suite à la propagation du Covid-19, le sociologue s'est dit, dans une interview à la MAP, convaincu que "le monde de l'après coronavirus sera différent de celui de l'avant-coronavirus", affirmant que "le monde s'est transformé à son tour en un siège de quarantaine, qui nous permis un retour à soi et nous donne l'occasion de tirer des enseignements".
A cet égard, le chercheur affirme que la société marocaine connaît des mutations majeures, voyant en ces circonstances un "moment charnière et décisif, qui remet en question toutes les constantes, à savoir nos relations sociales, l’unité sociale, et le degré de la justice sociale, et jusqu'à la relation du citoyen avec l'Etat".
Selon notre expert, nous traversons un moment fondateur, qui "fait ressortir le meilleur et le pire de l'être", notant que si le coronavirus a créé une dimension de solidarité noble et jeté les fondements des relations saines entre le citoyen et l'État, tout en mettant à jour des instincts d'avidité et de monopole et de non respect du confinement…".
Selon Dr. El Atri, les moments de danger sont des "moments fondateurs qui forgent des valeurs émergentes et en détruisent d'autres", appelant à tirer les leçons de ces moments pour construire le Maroc de demain.
"Aujourd’hui, a-t-il dit, le coronavirus nous apprend que la science est la clé de voûte pour passer à une société sûre et établir le modèle de développement souhaité, sans laisser en jachère les secteurs de l'éducation et de la santé."
Comme dans le monde entier, la société marocaine est dans un état de confusion générale, qui doit constituer "une occasion pour revenir vers soi et de se remettre en question, car nous pensons parfois que les marques de luxe ou les voyages établissent un sorte de différenciation sociale, alors que ces futilités laissant place aujourd'hui à des priorités réelles comme la préservation de la vie et la dignité".
Concernant l’utilisation des réseaux sociaux pendant la période de confinement, le sociologue juge que l'exile social et politique dans le "continent virtuel" s'explique par une volonté d'obtenir une identité numérique virtuelle, recherchant de l’intimité, des liens sociaux, des espaces d'expression. Dans le même temps, cette ruée vers le virtuel met à nue une autre réalité, celle des fake news et de la recherche du sensuel".
Dans ce "continent de l'internet", ajoute le chercheur, on assiste aussi, heureusement, au lancement d’initiatives importantes, notamment par des jeunes pour collecter des aides pour les personnes dans le besoin, des initiatives qui ont montré au monde entier les vraies valeurs citoyennes des marocains, et permis de revenir au noyau de la société: la famille.
Mettant sens dessus dessous tout le monde, le nouveau coronavirus ne passera pas comme un simple nuage d'été, mais laissera bel et bien de profondes séquelles et des "cicatrices narcissiques", tant au niveau des individus des groupes qu'au niveau des relations entre les pays, a conclu ce sociologue.