Bien qu'il soit encore difficile d'évaluer l'impact global des mesures de quarantaine sur le nord de l'Italie, le cœur battant de l'économie de la péninsule, le président de la Fédération des industriels italiens (confindustria), Vincenzo Boccia, a estimé que les pertes du secteur de la production dans le pays s'élèveraient à 100 milliards d'euros par mois, en raison du décret gouvernemental stipulant l'arrêt de toutes les activités jugées non indispensables pour freiner la propagation de l'épidémie du coronavirus.
Buccia a ajouté que 70% des activités en Italie ont été suspendues, "ce qui signifie que nous perdons 100 milliards d'euros tous les 30 jours".
Les pertes économiques les plus importantes pour l'Italie seraient enregistrées dans les régions de Lombardie et de Vénétie, considérées comme les poumons industriels du pays, d'autant plus que le volume du produit intérieur brut dans ces deux régions, à elles seules, est estimé à 550 milliards d'euros par an (soit 31% de la valeur du PIB italien), tandis que l'équivalent de leurs exportations représentent 40 % des exportations italiennes.
Quant au tourisme, qui génère un bénéfice annuel de l'Italie estimé à 146 milliards d'euros, il enregistrera des pertes de 7,4 milliards d'euros sur la période du début mars dernier au 31 mai.
Le ministre italien de l'Economie, Roberto Gualtieri, a prédit une baisse du PIB de 6% en raison de la crise provoquée par l'épidémie du coronavirus.
Les répercussions de la crise du coronavirus étant sans précédent dans l'histoire du pays depuis des décennies, le gouvernement italien a décidé de prendre des mesures sans précédent consistant à allouer 400 milliards d'euros pour relancer l'économie et soutenir les entreprises concernées, qu'elles soient petites, moyennes ou grandes, en ce sens que 200 milliards seront injectés dans le marché intérieur et 200 milliards pour soutenir les exportations.
Le Parti démocrate, partenaire du "Mouvement cinq étoiles" au sein de la coalition au pouvoir, a proposé d'imposer des cotisations de solidarité au cours des années 2020 et 2021 versées par des personnes dont le revenu annuel dépasse 80.000 euros afin d'atténuer les conséquences économiques du virus.
Mais, compte tenu de l'urgence et de l'ampleur des difficultés économiques, l'Italie fait pression, avec d'autres pays de l'Union européenne, pour adopter immédiatement de nouvelles options, à la mesure du caractère exceptionnel de la crise. Parmi ces options, figurent les «obligations corona/coronabonds » qui permettraient de lever des fonds pour assurer la reprise économique après la fin de l'épidémie.
Alors que l'Italie est engagée dans des négociations ardues avec d'autres pays européens pour émettre des obligations conjointes pour les pays de la zone euro pour financer les besoins des États membres face à la crise du coronavirus, de nombreuses entreprises mettent la pression sur le gouvernement pour la réouverture des usines afin d'éviter une "catastrophe économique".
Vendredi, Giuseppe Conte, le Premier ministre italien, a refusé de céder à la pression des entreprises et a décidé de prolonger au 3 mai les mesures de confinement qui devaient prendre fin le 13 avril.
Selon les médias italiens, les associations professionnelles des régions du nord, qui représentent environ 45% de la production italienne et 80% des décès dus à l'épidémie de Covid-19, ont adressé une lettre à M. Conte l'avertissant de leur incapacité à payer les salaires si la fermeture se poursuivait.
Cependant, le Premier ministre a déclaré que l'Italie ne pouvait pas supporter une nouvelle flambée d'infections et devait être extrêmement prudente face à cette épidémie meurtrière.
"Je crois que nous sommes tous impatients de reprendre le cours de notre vie normale", a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée.
Les médias locaux ont indiqué que le gouvernement prévoyait la reprise de certaines activités le lundi 20 avril, notamment celles spécialisées dans les appareils électroniques, les vêtements pour enfants et les bibliothèques.
De son côté, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi de Maio, a confirmé que le gouvernement se dirige vers une deuxième étape et qu'"un redémarrage sélectif de certains secteurs" aura lieu, ajoutant que tous les détails seront annoncés après consultation du comité scientifique consultatif et de toutes les parties impliquées dans la crise.