L'ail bouilli comme remède contre le COVID-19, les morts par milliers, l'état insalubre des structures sanitaires, etc... Bon nombre de fausses idées pullulent sur les réseaux sociaux partout dans le monde.
Le Maroc n'en fait pas l'exception. Tout ce qui a trait à la maladie fait peur, et quand il s’agit d’épidémie, les individus deviennent friands d’informations. Et quoi de plus facile que les réseaux sociaux pour s'informer en temps réel.
Confinement oblige, les discussions de cafés deviennent virtuelles, le bouche à oreilles 2.0 fait propager les fake news comme une traînée de poudre. Depuis la déclaration de l'état d'urgence sanitaire le 20 mars, des centaines d’intox ont été relevées, corrigées et/ou réfutées par les autorités et les médias responsables.
Les propagateurs des fake news sont aussi organisés que les journalistes, utilisant tous les supports (texte, vidéo, photo, audio). Leurs publications portent sur tous les domaines et ciblent tous les secteurs. Le politique, l'économique, le sanitaire, aucun secteur n'est épargné, les personnalités publiques n'en plus.
Tout a commencé avec des fake news sur l’épidémie (possibilité d’attraper le coronavirus en recevant un colis en provenance de Chine, en consommant de la nourriture chinoise, ou en fréquentant les personnes asiatiques, le virus est né d'une soupe de chauve-souris ou encore le Covid-19 est un gros rhume monté en épingle), et les remèdes miracles (l’ail, l’eau chaude, s'asperger d'alcool, eau de javel vaporisé …etc).
Et puis place aux politiques et aux sécuritaires, qu’ils s'agissent d'alertes sur des milliers de morts, des foyers épidémiques non déclarés ou encore d'entreprises qui ont évacué leurs locaux, en passant par des autorisations de déplacement exceptionnelles échangées contre une somme d'argent, jusqu’à en arriver à la fermeture des supermarchés, la pénurie alimentaire et l'apparition de réseaux criminels et d’émeutes.
En ce qui concerne les mesures sanitaires, la toile s'est enflammée depuis le début de la crise. Des posts Facebook et Twitter rapportent que les hôpitaux sont saturés, que des avions se préparent à déverser un spray désinfectant sur les villes du Royaume …etc.
Les faussaires ont également partagé des théories complotistes (le virus breveté et créé en laboratoire, la 5G responsable de la propagation du virus, la Chine pointée du doigt).
Dans ce flot vertigineux d'intox, les fake news portant sur le secteur de l'enseignement et de l'éducation ont la côte. Qu'il s'agisse de la déclaration d'une année blanche ou de la réussite de tous les élèves, de la programmation des examens ou du déroulé de l'année scolaire, la créativité dans ce domaine est particulièrement surprenante et un brin amusante.
Face à ce flot de fausses informations, le ministère de l'Intérieur n’a pas cessé d’appeler les citoyens à la vigilance face à la diffusion d'informations mensongères et fictives concernant le nouveau coronavirus, tout en affirmant que les dispositions légales seront prises par les autorités compétentes en vue d'identifier les personnes impliquées dans la publication de fake news.
Cet avertissement ferme des autorités n’est pas resté lettre morte, en témoignent les annonces faites par la présidence du ministère public au sujet des personnes poursuivies en justice pour diffusion de fake news.
Le dernier bilan, dans ce cadre, fait état de l’ouverture par les Parquets du Royaume de 107 enquêtes judiciaires ayant abouti à des poursuites judiciaires contre 80 personnes, alors que d’autres enquêtes sont en cours.
Quels bobards nous pondront les internautes dans les jours à venir ? Quelles limites à l'imaginaire des Marocains ? En attendant des réponses à ces questions, les médias et les citoyens partagent la responsabilité de vérifier et de recouper les informations avant de les partager.
Le Covid-19 n'est pas le seul danger, la peur, véhiculée par les fake news, est l'autre facette de cette épidémie