Oscar Chavez, qui compte à son actif six décennies de carrière artistique, avait été admis dans un hôpital public de la capitale mexicaine après avoir présenté des symptômes de la maladie, selon sa maison de disques.
Reconnu pour son travail d'auteur-compositeur et interprète, l'émotion que suscite sa disparition est forte: le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, s'est dit "abattu par le décès de Oscar Chavez".
Il lui avait consacré un grand hommage lors de sa conférence de presse quotidienne au palais national, où a été reproduite sa fameuse chanson "Por ti" (pour toi) suivi d'une salve d'applaudissements.
Le Mexique pleure son troubadour et ses chants de protestation, titre la presse locale, soulignant que la société mexicaine n'a pas tardé à exprimer son immense chagrin après la disparition de l'artiste. Le pays tout entier pleure l'un de ses plus célèbres enfants, emporté par le coronavirus, écrit-elle encore.
L'infatigable légende de la musique mexicaine, qu'on avait fini par oublier qu'elle n'était pas éternelle tant ses succès ont traversé les décennies, a succombé à l'épidémie.
Dans les heures qui ont suivi sa disparition, les hommages se sont succédé. "Hasta siempre (au revoir) Oscar Chavez", écrivait sur Twitter la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum. "De nombreux souvenirs continueront à nous accompagner. Nous avons grandi en écoutant tes chansons toujours proches des mouvements sociaux".
Le Congrès National Indigène a dit avoir appris avec tristesse la disparition de l'artiste "qui chantait pour les peuples qui résistent et luttent contre l'injustice", saluant "ses rêves qui osent imaginer la justice à travers la musique, qui continuera à éveiller les consciences sur toute la planète".
Une peine partagée par l'ensemble des fans et collègues de celui qu'on surnommait "El Caifán majeur" (le protestataire majeur). "Le Mexique est en deuil, je suis triste, un grand maître s'en va, mais il nous a laissé un grand héritage culturel, un trésor pour le Mexique", écrit la chanteuse mexicaine, Guadalupe Pineda, sur les réseaux sociaux.
Oscar Chávez, qui a joué dans une quinzaine de films dont "Santa" (1969), "México de mis amores" (1976) et "A fuego lento" (1980), compte une riche activité dans les studios d'enregistrement, laissant une cinquantaine de productions discographiques couvrant différents genres musicaux, allant de la Trova au Boléro et à la chanson urbaine, jusqu’au folklore et aux pièces mariachi incluant, en outre, poésie et parodies de style politique.
Considéré comme un des principaux représentants du style appelé Canto Nuevo au Mexique, Oscar Chavez a accompagné par ses chansons le mouvement étudiant mexicain de 1968 et l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) dans les années 90.
Tout au long de sa carrière, il n'avait jamais renoncé à son engagement politique à gauche. "Avec les changements des politiques, des personnalités, des pouvoirs des médias qui sont toujours plus monstrueux, on est toujours en lutte", déclarait-il à la presse lors d'une interview en 2019.
Le secrétariat à la Culture de la capitale Mexico avait déclaré en 2019 Chavez "Patrimoine culturel vivant" du Mexique pour son œuvre de collecte et de diffusion des anciennes chansons mexicaines de la première moitié du XXe siècle.
Né en 1935 à Mexico, Oscar Chavez, avait connu, après des études notamment théâtrales, le succès avec sa participation dans le film "Los Caifanes" (1967) de Juan Ibañez, considéré comme emblématique du cinéma indépendant mexicain. Il a enregistré plus de 25 albums.
La famille du défunt a indiqué qu'un hommage plus officiel lui serait rendu dès que les circonstances le permettraient. En attendant, le Mexique et le monde de la musique pleurent la disparition d'une icône de sa génération.