Cette culture spirituelle constitue la matrice de ce patrimoine à partir de laquelle peut se produire la dynamique d’une intelligence collective, que l’on appelle Civilisation, fait observer M. Skalli dans un article publié par le think tank marocain Policy Center for the New South (PCNS) dans la rubrique "Opinion" sous le titre “Richesses immatérielles et développement.
La présence et l’importance de ces dimensions intangibles et immatérielles sont telles que l’on peut parler, dans ce cas, d’une civilisation intérieure, qui s’exprime aussi en signes tangibles, souligne-t-il, en insistant que la dimension spirituelle, lorsqu’elle existe, n’est, par contre, aucunement contradictoire avec d’autres dimensions de l’art, de la culture, de la pensée ou de la société, qu’elle peut irriguer et nourrir.
A ses yeux, allier quête de sens et actions sociale, c’est le projet même de cette "Chevalerie spirituelle", appelée “Futuwwa”, qui signifie, selon lui, que dans le monde de l’entreprise sociale ou économique, comme dans celui de la politique, “on a à la fois besoin de l’action et des valeurs spirituelles qui l’inspirent et la sous-tendent”.
Et de relever que le développement d’une société a une dimension, certes quantitative, mais aussi qualitative, encore plus essentielle, bien que souvent occultée.
Scrutant la notion du travail sous le prisme spirituel, M. Skalli fait remarquer qu’il est certes alimentaire mais il n’est jamais “que cela”, expliquant qu’il s’agit aussi de l’un des vecteurs du développement de notre humanité et de son accomplissement. A ce propos, il rappelle que cet esprit de “Chevalerie” a présidé à l’association, chez les artisans et les corps de métiers, entre travail, éthique et valeurs spirituelles.
Pour ce spécialiste du Soufisme, la question est de “trouver les outils nécessaires pour que cette philosophie d’action puisse être mise en oeuvre au coeur même de nos entreprises contemporaines”.
“Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons oeuvrer d’une façon concrète au changement de paradigme auquel nous aspirons. Celui d’une orientation politique, économique et sociale qui s’enracine dans un humanisme spirituel”, estime M. Skalli.
Braquant les projecteurs sur la mondialisation, l’auteur de l’article relève qu’il fut un temps où l’on pensait que la mondialisation du marché économique suffirait à assurer désormais aux hommes quiétude et prospérité, indiquant toutefois que si la liberté de l’initiative individuelle et collective reste un principe moteur de tout développement, celui-ci ne peut se passer d’une véritable attention à l’autre, le proche ou le lointain, d’un sens vivant et agissant de solidarité et de compassion.
“Il nous appartient d’être plus attentifs aux trésors d’expériences humaines et de sagesses - à leurs multiples expressions artistiques, poétiques, intellectuelles - que recèlent ces patrimoines universels que constituent nos culture et nos civilisations”, recommande-t-il, soulignant que l’harmonisation et l’alliance de ces cultures peut nourrir et donner un sens, “une âme”, à la mondialisation.
“C’est dans une telle démarche que doit, sans doute, s’inscrire l’entreprise d’aujourd’hui. Celle qui allie quête de sens et expertise économique et sociale”, conclut M. Skalli.
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