"Ce confinement, certes indispensable, va toucher près de 50% de la population mondiale, entraînant la paralysie de toute activité économique, à l’exception de celle liée à la sécurité alimentaire et sanitaire, ajoutant à la pandémie sanitaire la pandémie économique touchant des milliards d’individus, à des degrés divers, répartis sur 184 pays", relève M. Vedie, dans une étude publiée par le think-tank marocain PCNS sous le titre : "Le Covid-19 : un Accélérateur de Crise, un Révélateur d'insuffisance".
Selon lui, la pandémie de Covid-19 est un amplificateur d'une crise "sans précédent" et non pas l'unique responsable, distinguant à cet effet deux périodes relatives à l'évolution des principaux indicateurs de cette crise.
La première a trait à la guerre commerciale américano-chinoise, relayée d'après l'auteur de l'étude, à partir de janvier 2020, par la guerre pétrolière que se livrent l'Organisation des Pays exportateurs de Pétrole (OPEP)/Arabie Saoudite, la Russie et les Etats-Unis.
Il constate à cet effet que la guerre opposant les Etats-Unis et la Chine va "mettre à mal" les prévisions du début 2019 concernant la croissance mondiale 2020, soulignant que l'instauration de nouvelles barrières douanières et de nouveaux droits de douane ont "lourdement" pénalisé le commerce mondial et, par voie de conséquence, la croissance mondiale.
Par ailleurs, M. Vedie écrit que la guerre pétrolière qui va suivre "va bien sûr amplifier cette tendance", notant entre autres que les pays particulièrement concernés par cette crise sont les pays producteurs exportateurs de pétrole n'ayant pas, ou trop peu, diversifié leur économie, comme le Nigeria, le Venezuela ou l'Algérie.
Quant aux conséquences transformant la crise économique en pandémie économique, le chercheur cite quelques exemples des "locomotives" de la croissance économique qui vont subir "très durement" les conséquences, comme les Etats-Unis pour lesquels le Fonds monétaire international (FMI) prévoit pour 2020 une récession de 5,9% et un chômage de 17%.
La Chine, dont le PIB plonge de 6,8 au premier trimestre 2020, la baisse de la production industrielle atteint 11%, faisant suite à une baisse de 13,5% en janvier et février, indique-t-il.
Au sein de l'Union européenne (UE), poursuit-il, les prévisions faisant consensus font état d'une chute du PIB de 7,5% en moyenne, avec des écarts selon les pays pouvant aller de -5% à -10/12%.
"Comme on peut le constater, les mesures de confinement imposées par le Covid-19 ont bien été un accélérateur exponentiel de crise, faisant passer les prévisions de la croissance mondiale de 3,4%, début 2019, à 2,6%, début mars 2020, pour aboutir à une chute de 3% mi- avril 2020, selon le FMI", fait-il observer.
A ses yeux, cette crise est également révélatrice des insuffisances et des limites des politiques publiques de santé engagées depuis les dernières décennies, et ce principalement dans les trois domaines mis en évidence par la pandémie, à savoir celui de la perte de la souveraineté nationale, de la gestion des stocks qui devait la garantir et celui de la prévention sanitaire et de l'équilibre à trouver entre les contraintes économiques et la gestion du risque sanitaire.
Abordant le premier domaine, le chercheur fait remarquer qu'avec le Covid-19, on découvre que 80% des produits de base pour combattre la pandémie sont importés de Chine (...), signalant que les masques et les respirateurs produits en Chine et destinés à l’exportation, pour grande partie, vont d’abord être destinés à combattre la pandémie qui n’était pas sous contrôle en Chine, retardant, de plusieurs semaines, leur exportation à destination de l’Europe, des États-Unis, avec les conséquences que l’on sait, etc.
Quant au management des stocks, M. Vedie pense que la pandémie va révéler des stocks totalement insuffisants de masques, de respirateurs, de tests etc, notant que cette insuffisance va majorer les conséquences de la perte de souveraineté médicale précitée.
En ce qui concerne l'équilibre à trouver entre "le médecin" et "l'économiste", l'auteur de l'étude met en relief notamment le principe de l'auto-suffisance et appelle à ne pas oublier, à l'avenir, les "insuffisances" des politiques de santé révélées par le Covid-19, et pour cela, "il faudra accepter qu’un risque minimal de santé soit assumé par les politiques, permettent à l’activité économique de les satisfaire", insiste-t-il.