Dans ces conditions, le mois sacré a un goût particulier pour les membres de la communauté musulmane établie dans ce pays caribéen, qui se sont retrouvés dans une situation inédite, entre le sentiment de l'éloignement de la mère patrie et l'obligation de de rester à la maison pour se protéger du covid-19. Toutefois, cette contrainte n'a pas empêché nombre d'entre eux de se débrouiller pour créer l'ambiance spirituelle intrinsèque du mois du Ramadan même en dehors des mosquées.
À la fois espace de prière et de recueillement et "quartier général" de la petite communauté musulmane du Panama, la mosquée est non seulement un endroit pour accomplir ses prières, mais aussi un espace important de rencontre, de solidarité et de socialisation pour les musulmans de ce pays.
Dans les douze mosquées officiellement reconnues au Panama, dont la majorité se trouvent dans la capitale et dans la ville économique Colon, des musulmans Pakistanais, Indiens, Egyptiens et autres se donnent rendez-vous à ces lieux de culte pour les prières collectives, les repas et les échanges sociaux durant les soirées ramadanesques. Ces moments permettent de faire oublier, l'espace d'un mois, la solitude de nombre d'entre eux.
Parmi les mosquées et les espaces islamiques qui constituent souvent une destination de choix pour la communauté musulmane, notamment durant le mois sacré de ramadan, la grande mosquée de Panama la capitale, qui est l'une des premières dans ce pays des Caraïbes, où en temps normal, de nombreux musulmans se retrouvent pour faire la prière et partager le "ftour".
Deuxième lieu le plus en vue est le Centre culturel islamique de la ville de Colon, qui se situe à l'entrée du canal de Panama, sur la côte des Caraïbes, où se concentre une importante communauté d'origine arabe, installée dans le pays depuis des décennies et qui est devenue partie intégrante de la société panaméenne, sans pour autant oublier les traditions et les valeurs des pays d'origine.
Dans ce contexte, ce centre joue un rôle important dans la préservation du cachet qui distingue la communauté musulmane dans ce pays, à travers des activités variées au profit des musulmans, dont des cours de mémorisation du Saint Coran.
Cette année, entre le confinement, la distanciation sociale et la fermeture de ses mosquées, le quotidien des musulmans du Panama est loin d'être facile. Le ramadan se déroule en effet sans les habituels iftars collectifs, ni prières à la mosquée, ni visite entre familles et amis, une situation inédite pour les musulmans à travers le monde.
Forcés de rester confinés chez eux, les membres de la communauté musulmane au Panama se tournent vers l'internet et les plateformes de communication pour rester en contact avec familles et amis durant les longues veillées ramadanesques.
En effet, si la crise du nouveau coronavirus a éclipsé certaines coutumes des musulmans du Panama pendant ce mois béni, elle a, en revanche, contribué à renforcer le contact virtuel entre eux et les responsables de ces centres islamiques pour les aider à comprendre davantage l'essence du jeûne et le véritable objectif de ce mois sacré et les valeurs islamiques intrinsèques d'entraide et de solidarité.
Ainsi, la petite communauté marocaine établie au Panama s'emploie-t-elle à faire oublier le mal de l'expatriation et l'éloignement de la mère-patrie et vivre l'ambiance spirituelle propre du Ramadan. C'est le cas de Khalid, installé dans ce pays caribéen depuis 5 ans, qui encourage sa femme panaméenne à apprendre la cuisine marocaine pour l'aider à vivre l'ambiance du mois sacré dans une ambiance purement marocaine.
Khalid avait l'habitude d'aller, chaque fois que possible, à l'une des mosquées de Panama City pour accomplir la prière d'Al-Tarawih et lire le Coran. Mais cette année il est obligé de le faire depuis sa maison et de se tourner vers les réseaux sociaux pour être en contact quotidien avec sa famille et ses proches au Maroc.
Pour Mohamed, un palestinien propriétaire d'un magasin de produit halal installé au Panama avec sa famille depuis plus de six ans, la pandémie de coronavirus n'a pas affecté son commerce, affirmant que ses activités prospèrent généralement pendant le mois du Ramadan.
Quant à Issam, un immigré jordanien qui réside au Panama depuis 17 ans et ayant vécu auparavant une dizaine d'années au Maroc, il a confié à la MAP que passer le mois de Ramadan dans un pays non musulman et en confinement est la pire chose qui puisse lui arriver, se disant nostalgique des traditions et rituels du Ramadan qu'il connaît et vit depuis longtemps au Maroc.
En général, bien que les mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire pour freiner la propagation de l'épidémie ait mis en suspens le rôle social, éducatif et spirituel de la mosquée pendant le Ramadan cette année, les membres de la communauté musulmane au Panama s'efforcent, chacun à sa manière, de vivre autant que possible l'ambiance spirituelle de ce mois sacré.