Les huit îles canariennes, qui n’enregistrent actuellement qu’environ 600 cas actifs de coronavirus avec le taux de prévalence le plus bas en Espagne (2,8%) et un nombre de décès ne dépassant pas 153, voient le bout du tunnel avec optimisme et prudence.
Fruit de cette situation, trois îles, La Gomera, El Hierro et La Graciosa, passent ce lundi à la phase 2 du plan de déconfinement tracé par le gouvernement central. Cette "phase 2" sera intermédiaire, au cours de laquelle les établissements de restauration et de pêche, les cinémas et les théâtres sont autorisés à rouvrir leurs portes au maximum à un tiers de leur capacité, tandis que les lieux de culte peuvent accueillir la moitié de leur capacité.
Convaincu du fait que le terrain perdu n’est pas facilement regagné, le gouvernement régional s’efforce, depuis début mai, de mettre en place une feuille de route pour envisager un avenir plus prospère.
La pierre angulaire de cette feuille est le repositionnement, dans les meilleurs délais, des Canaries comme destination touristique de premier rang, tenant en compte que le secteur représente près de 35% du produit intérieur brut de la région. En effet, l’exécutif régional, conduit par Angel Torres (PSOE Canaries), multiplie les réunions avec les partenaires économiques, les compagnies aériennes et les professionnels hôteliers pour redorer le blason d’un secteur crucial dans le tissu économique canarien.
En dépit de la suspension de la plupart des liaisons aériennes en provenance et vers l’archipel, les responsables locaux ambitionnent de redynamiser le tourisme intérieur à partir du mois de juillet, un avant-goût pour retrouver la normalité et couvrir une partie des pertes causées par l’arrêt des flux touristiques depuis la mi-mars.
Parmi les priorités du gouvernement figure également la compensation de 1,5 milliard d’euros des recettes fiscales amputées du budget régional au titre de l’année 2020 à cause du coronavirus. En dépit de l’engagement du gouvernement central de mettre à la disposition des Canaries 600 millions d’euros, Angel Torres estime qu’il s’agit d’un effort insuffisant pour compenser en partie le manque à gagner en recettes fiscales des îles du fait des restrictions liées à la pandémie, mais aussi de régler le problème structurel de surendettement.
« La différence des recettes fiscales est de 900 millions d’euros, d’où la nécessité d’engager un débat avec le gouvernement central impliquant les acteurs régionaux pour chercher les options susceptibles de combler ce manque à gagner », selon le président régional.
Pour en faire, le gouvernement canarien compte unir les forces politiques, économiques et sociales et les centrales syndicales autour d’un plan de récupération qui sera mis en application dans le cadre d’un esprit de consensus. L’heure est à l’union et aux sacrifices pour dépasser cette situation difficile jamais vécue par cette communauté autonome.
La gravité de la crise économique provoquée par l’arrêt des activités suite à la propagation du nouveau coronavirus dépendra de la réponse donnée par les différentes composantes de la société canarienne, insiste le gouvernement régional, qui veut éviter à tout prix les conséquences issues de la crise économique de 2009 qui avait entraîné des coupes budgétaires dans des secteurs basiques comme l’enseignement et la santé, une détérioration des services publics et une augmentation des inégalités.
Après l’angoisse et l’incertitude, l’heure de la vérité a sonné pour les Îles Canaries où une restructuration économique et sociale s’avère une nécessité, voire une urgence.