Pour ce faire, la troisième économie de l’Asie a annoncé récemment un paquet financier faramineux de 266 milliards de dollars visant à remettre sur les rails l’économie du géant asiatique, mais aussi venir en aide à des centaines de millions d’Indiens lourdement touchés par les mesures de confinement.
A l'instar de plusieurs pays du monde entier, l’Inde ne peut nullement esquiver l’impact socio-économique de la pandémie avec une croissance du PIB qui devrait s’établir à 0% selon les estimations de l’agence Moody’s pour l’exercice 2020/2021. Toutefois le pays peut limiter les dégâts et amortir le choc aggravé par les mesures de confinement décrété depuis le 24 mars dernier et qui sont en vigueur jusqu’au le 31 mai courant.
Baptisé Aatma Nirbhar Bharat Abhiyaan, "mission pour l’Inde indépendante", le méga-plan porte sur divers secteurs d’activité afin de mener à bon port l’économie du pays et assurer notamment les chaînes d’approvisionnement locales, selon le Premier ministre indien, Narendra Modi qui a laissé à la ministre des Finances, Nirmala Sitharaman le soin de détailler le Plan, secteur par secteur.
Equivalent à 10% du PIB indien, le Plan vise à favoriser les industries locales, à accompagner les MPME et à soutenir les ouvriers, les agriculteurs, les commerçants, ainsi que la classe moyenne.
La part du lion, soit 81 milliards de dollars, a été destinée aux MPME en leur accordant notamment des prêts sans garantie et des facilités d’investissement ainsi que des réductions notables des taxes.
Côté agriculture, Mme Sitharaman a annoncé que le gouvernement mettra en place un Fonds de soutien agricole doté d’un budget de 13 milliards de dollars qui permettra d’accorder des facilités de financement au profit des petits agriculteurs, des coopératives et des entrepreneurs du secteur et de créer des projets d’infrastructure agricole.
D’autres mesures faisant partie de dudit Plan ont été également énumérées par la responsable indienne, notamment le déblocage de 5 milliards de dollars pour renforcer les programmes d’aide à l’emploi en milieu rural et le recours à la privatisation des entreprises publiques dans des secteurs non stratégiques et ce à compter d'avril 2021.
Après avoir qualifié la crise de Covid-19 de «cas de force majeure», il a été décidé d’étendre de 6 mois le délai de délivrance des projets fixés pour le 25 mars 2020 ou après. La date d'échéance de toutes les déclarations de revenus pour l'exercice 2019-20 a également été prolongée.
Outre les mesures d’accompagnement dédiées à la promotion des secteurs de l’industrie, l’agriculture, l’hôtellerie, le tourisme ou encore l’artisanat, le Plan de relance a accordé une importance au secteur de la défense.
Après consultation du Département des affaires militaires, le gouvernement compte notifier une liste d’armes et d’articles militaires interdits à l'importation et qui ne doivent être achetés qu'en Inde afin de booster la production locale dans un pays classé le deuxième plus grand importateur d’armes au monde en 2015-2019.
De même, les limites de l'investissement direct étranger (IDE) sont passées désormais de 49% à 74%, selon le Plan détaillé par la ministre indienne en cinq parties et autant de jours.
Les travailleurs migrants, à quand le bout de tunnel ?
Livrés à eux-mêmes, des dizaines de millions de travailleurs indiens ont quitté les grandes mégalopoles indiennes après avoir perdu leurs emplois durant la période du confinement, décrété pour freiner la propagation du nouveau coronavirus.
A pied ou serrés clandestinement dans des camions, des dizaines d'entre eux sont morts sur les routes, victimes d’épuisement ou d’accidents.
Sans emploi mais avec des dettes à honorer, les travailleurs migrants continuent leur long périple qui s'annonce potentiellement alarmant vu que des centaines parmi eux sont déjà affectés par le Covid-19.
Mieux vaut tard que jamais, le Plan de soutien gouvernemental n’a pas omis cette frange de la société qui exerce pour la plupart dans le secteur informel, en prenant en charge les dépenses d’alimentation de près de 100 millions de travailleurs pendant les deux prochains mois.
"Largement préoccupé par la situation des travailleurs migrants, le gouvernement a fourni des fonds aux États fédérés pour assurer l'abri, la nourriture et le transport à cette frange de la société", a assuré Mme Sitharaman.
Des secteurs en quête d’un soutien en urgence
Clouées au sol depuis la fin du mois de mars, les compagnies aériennes avaient demandé des transferts directs en espèces pour pouvoir payer les salaires des employés ainsi qu’une exonération des frais d'aéroport, des intérêts et des droits d'accise.
Environ 2,9 millions employés dans le secteur du transport aérien et de l’industrie aéronautique en Inde seront lourdement touchés par les conséquences de la crise du Covid-19, selon un rapport de l’association internationale du transport aérien (IATA), qui s'attend à une chute de 47% de la demande sur le secteur en 2020 par rapport à une année auparavant.
De même, les professionnels de l'industrie automobile ont appelé le gouvernement à soutenir la demande par des mesures tangibles en sus de la mise en place d'un programme d'incitation à l'achat des véhicules et une réduction des taux d'imposition.
"L'industrie automobile attend avec impatience certaines mesures fiscales directes qui pourraient stimuler la demande et stopper les pertes d'emplois", a déclaré Rajan Wadhera, président de la Société indienne des constructeurs automobiles (SIAM).
D'ailleurs, le secteur qui emploie plus de 37 millions de personnes et contribue à hauteur de 15% en termes de Taxe sur les produits et services (TPS), soit plus de 18 milliards de dollars par an, a enregistré l’année dernière une décroissance sans précédent de 18 %, a déploré le responsable indien.
Bien que la crise du Covid-19 n’ait pas encore révélé tous ses secrets alors que son effet domino continue de paralyser des économies à travers le monde, le Plan de relance indien vient apporter des solutions à court et à moyen terme qui pourraient constituer une bouée de sauvetage à des centaines de millions d’Indiens.