C’est dans ce sens que le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a appelé à "une mobilisation internationale" pour renforcer les systèmes sanitaires en Afrique, maintenir les chaînes d’approvisionnement alimentaire, éviter une crise financière, soutenir l’éducation, protéger les emplois, maintenir les ménages et les entreprises à flot et protéger le continent contre les pertes de revenus et de recettes d’exportation.
Car l’enjeu est de taille pour l’Afrique. La crise engendrée par la pandémie menace les progrès accomplis par les pays du continent et pourrait aggraver les inégalités existantes et accentuer la faim, la malnutrition et la vulnérabilité face à la maladie, a averti le chef de l’ONU.
En effet, le constat est des plus sombres pour le continent, où la demande pour les produits africains de base, le tourisme et les envois de fonds sont déjà en baisse, alors que l’ouverture de la zone de libre-échange africaine a été reportée et des millions de personnes courent le risque de basculer dans la pauvreté extrême.
"La pandémie en Afrique n’en est qu’à ses débuts, et les perturbations pourraient s’intensifier rapidement. Il faut impérativement faire preuve de solidarité mondiale avec l’Afrique – dès aujourd’hui et pour mieux se redresser", a plaidé Antonio Guterres.
Cet appel à davantage de solidarité internationale a été également relayé cette semaine par plusieurs chefs d’Etat africains, qui ont plaidé pour un "nouvel ordre mondial" plus solidaire et équitable afin d’aider le continent et ses habitants à faire face à la triple crise causée par la Covid-19.
Intervenant lors d’une table ronde virtuelle organisée par le centre de réflexion américain "New York Forum Institute", le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, a incité la communauté internationale à "faire plus" pour aider l’Afrique à se relever de la crise du coronavirus.
En matière d’aide publique au développement, "nous avons une opportunité avec cette crise d’avoir un nouveau départ et que les pays riches puissent facilement respecter la promesse de 0,7 pc du PIB d’aide au développement", a estimé le président Ouattara, lors de cette vidéoconférence organisée sous le thème "Pour un monde résilient : l’appel de l’Afrique en faveur d’une nouvelle gouvernance mondiale".
La crise du Covid-19 est "un problème que l'Afrique seule ne pourra pas résoudre", a renchéri, de son côté, le président du Kenya, Uhuru Kenyatta.
"Je continue d’insister qu'il s'agit d'un problème qui n'a pas été créé par l'Afrique, mais qui a le plus de chances de nuire à l’Afrique plus que toute autre partie du monde", a dit le président Kenyatta, soulignant que la communauté internationale a "l'obligation" de soutenir le continent africain dans ses efforts pour vaincre la pandémie et se relever de ses conséquences socio-économiques.
"Nos pays sont aujourd'hui plus dépendants que jamais de l'économie mondiale et la fermeture continue d’affecter bon nombre de nos industries et de nos ressources", a-t-il déploré.
Même son de cloche chez le président sénégalais Macky Sall, qui a appelé, à cette occasion, pour "un nouvel ordre mondial" basé sur les valeurs humaines et la solidarité internationale pour aider l’Afrique à faire face à l’impact de la pandémie.
"Moi, je plaide pour un nouvel ordre mondial basé sur plus de justice sociale et plus d’équité, car ce que nous vivons est encore la conséquence d’un modèle économique qui découle de la Seconde Guerre mondiale, et tout a été bâti sur ce modèle alors que l’Afrique n’était pas encore indépendante", a insisté le président sénégalais.
Lui emboitant le pas, son homologue du Niger, Mahamadou Issoufou, a souligné que la crise du Covid-19 "nous rappelle notre communauté de destin, qui doit amener à réfléchir sur la conception et la mise en œuvre d’un nouveau paradigme (…) qui suppose une nouvelle gouvernance politique et économique mondiales plus démocratiques".
Pour le président Issoufou, le débat sur les inégalités et la nécessité d’une nouvelle dynamique sur la répartition des richesses à l’échelle mondiale "ne peut plus être éludé".
"Ce débat, comme on le sait, a préoccupé des générations d’économistes, mais la question n’est pas technique, elle est politique", a-t-il estimé.
De son côté, Tidjane Thiam, l’envoyé spécial de l’Union africaine sur la Covid-19, a souligné lors de cette table ronde virtuelle que face à une crise d’une telle ampleur, l’Afrique a plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale.
Le continent est confronté à d’énormes incertitudes liées notamment à la baisse du PIB et l’effondrement de l’emploi qui auront un impact préjudiciable sur l’Afrique et sa population en majorité composée des jeunes, s’est inquiété M. Thiam, qui a appelé à préserver les progrès socio-économiques réalisés au cours de la dernière décennie dans le continent.