1. Quelles sont les principales conséquences de la crise sanitaire du Covid-19 sur l'économie marocaine ?
Généralement, ce sont les TPE/PME qui sont les plus touchées par la crise, voire même menacées de disparition si aucune mesure d’urgence n’étant envisagée et mise en œuvre. La principale vulnérabilité serait relative à l’incapacité de ces entreprises à disposer d’une trésorerie suffisante leur permettant de répondre à leurs besoins de trésorerie.
Les grandes entreprises n’échappent pas non plus à la crise, notamment dans le secteur aérien suite à la baisse des trafics.
D’autres secteurs sont, également fortement touchés, il s’agit par exemple du secteur de l’agroalimentaire qui a perdu 30% de son chiffre d’affaires en avril 2020 et envisage d’en perdre autant courant le mois de mai.
Cette situation impacte directement l’emploi, le chômage partiel ou le chômage technique risquent de générer une crise sociale de grande ampleur. Selon le HCP, le secteur de la construction risque de perdre 24% des actifs occupés, celui de l’industrie 22% et le secteur des services 17,5% d’emplois.
Quant au secteur de l’industrie de l’événementiel, les pertes pourrait atteindre jusqu’à 63 milliards de dirhams de chiffres d’affaires directs et induits, les pertes d’emploi sont estimées à 190.000 emplois directs et indirects.
Selon le HCP, 142.000 entreprises sont en cessation d’activités, les TPE en représentent 72%, les PME 26% et les grandes entreprises 2%.
2. Quel regard portez-vous sur les mesures engagées jusqu’à présent par le Maroc pour soutenir l’économie ?
Bien avant l’augmentation du nombre de contaminés, les autorités marocaines, craignant un scandale sanitaire, ont décidé de mettre en place un ensemble de mesures de protection. Fermeture des frontières, confinement de la population et arrêt temporaire de certaines activités ont favorisé une meilleure maitrise de la maladie et une bonne gestion de la crise ; gestion qui a vivement été applaudie par les organismes internationaux, dont l'Organisation mondiale de la santé.
Cependant, cette gestion prévisionnelle de la crise n’a pas pu épargner l’avènement d’une crise économique et sociale de grandes ampleurs, crise qui justifie le rôle primordial que pourrait jouer les pouvoirs publics et les organes de régulation pour relancer de façon optimale l’économie et le social.
3. Parlant des pouvoirs publics, quel rôle pourraient-ils jouer pour sortir de cette crise ?
Ce rôle devrait principalement éviter une dégradation du tissu économique. Il devrait y avoir une réémergence de l’Etat providence, qui se substituera à l’Etat gendarme. Cet Etat providence, même avec des horizons temporels limités, devait donner une bouffée d’oxygène à l’économie pour que la reprise soit rapide et pour que la relance soit optimale.
En effet, le rôle de la banque centrale dans cette logique de relance reste primordial. La mise en œuvre des politiques de relance pourrait permettre aux banques d’accéder de façon facile et moins couteuse aux avoirs liquides.
Déjà, au lendemain du lancement des mesures limitatives et pour limiter les effets de la crise sanitaire, BAM a procédé par une réduction de ce taux, en le faisant passer à 2%, question d’alléger le coût d’accès à la liquidité pour les banques, en vue de leur permettre de financer d’abord la sauvegarde des entreprises, ensuite leur soutien et accompagnement et enfin, la relance de l’économie après la crise. On se demande à ce niveau sur la poursuite d’une tendance baissière du taux directeur et ses répercussions sur la stabilité macro-prudentielle.
Ceci étant, par rapport à la politique budgétaire, une panoplie d’instruments et de mesures doivent être mise en place, notamment une augmentation des dépenses publiques et un allégement fiscal pour les secteurs les plus touchés.