1. Comment évaluez-vous les conséquences du covid-19 sur le secteur de la logistique au Maroc ?
Il faut souligner que la demande sur les services de transport et de la logistique a subi une fluctuation importante. Pour le transport de personnes, c'est à une paralysie complète de l’activité que nous avons assisté.
Concernant les marchandises, les flux ont régressé d’une manière significative pour le transport routier, se sont maintenus relativement pour celui maritime et se sont même intensifiés pour d’autres comme le fret aérien et les services de logistique d’entreposage.
Il est à noter que si les effets de cette crise sont négatifs dans l’immédiat sur l’activité économique nationale, le monde de l’après Covid-19 sera plein d’opportunités pour notre pays qui a prouvé encore une fois, une résilience institutionnelle et sociale importante, laquelle constitue le socle pour tout développement économique.
2. Quelles sont les pistes pour sortir de cette crise et les mesures prioritaires qu'il convient de prendre ?
Parmi les enseignements les plus importants de cette pandémie c’est la reconnaissance au niveau national et international que les professionnels du secteur du transport et de la logistique sont des "acteurs clés" en temps de crise.
L’exemple du complexe portuaire de Tanger Med, qui a continué ses activités opérationnelles durant cette période et avec un haut niveau de services, montre bien que des acteurs logistiques compétitifs peuvent très bien faire face à la crise s’ils y sont bien préparés.
Le défi majeur pour le secteur aujourd’hui est d’arriver enfin à initier sa mise à niveau qui a trop tardé en raison d’agendas divers.
Je ne crois pas qu’un traitement palliatif sera un bon remède, l’effort important de soutien aux entreprises et pour la préservation de l’emploi que l’Etat va bientôt mettre en œuvre, devra être adossé à une vraie stratégie de mise à niveau sectorielle dont on ne peut plus faire l’économie aujourd’hui.
3. Est-ce que les mesures prises jusqu'ici peuvent-elles permettre une reprise rapide ?
La réactivité avec laquelle le Maroc a géré la pandémie du covid-19 nous a permis d’éviter les scénarios catastrophes.
Si les autorités publiques se contentent d’administrer des calmants à travers l’ouverture des vannes du financement bancaire aux entreprises sans mettre en œuvre de réelles stratégies de relance, le secteur ne pourra pas redémarrer rapidement et surtout il ne pourra pas saisir les énormes opportunités qui vont se présenter à lui surtout au niveau des flux relatifs à la logistique internationale.
4. Quelles sont les perspectives post-covid ?
La posture que vont adopter les professionnels du secteur du Transport et de la Logistique pour le post-coronavirus dépendra fortement des signaux qui seront émis par les autorités publiques.
Il est temps pour le Maroc d’avoir une stratégie volontariste plus agressive notamment dans le secteur du transport et de la logistique.
Dans le transport maritime par exemple, il est inconcevable que nous restions à un taux de couverture de moins de 3% de nos échanges extérieurs par le pavillon national alors que la facture du fret en devises explose.
Pour le transit international routier (TIR), il faut consolider les réalisations des professionnels marocains qui ont montré qu’ils étaient capables de relever le défi avec une participation de plus de 25% dans ce trafic alors qu’ils en étaient totalement absents il y a quelques années.
Au niveau de la logistique, le potentiel est conséquent, la zone franche logistique de MedHub au niveau de Tanger Med qui a attiré les majors en est un bel exemple. Il faut simplement avoir confiance en nos capacités pour transformer l’essai.