"Sauf surprise, je crois que le Maroc est préparé à gérer des crises sanitaires qui ont les caractéristiques que nous avons vécues depuis trois mois", a déclaré M. Heikel à la MAP au lendemain du début de la mise en œuvre progressive du plan d'assouplissement du confinement.
Prié de dire s'il ne faudrait pas craindre une résurgence de l'épidémie à l'heure de l'allègement des restrictions imposées par la pandémie, ce spécialiste des maladies infectieuses a affirmé que l'enjeu majeur tient à l'augmentation des nouveaux cas "qui peuvent exister selon le niveau de dépistage dans une zone".
Le scénario à redouter, selon lui, sera "la possibilité que certains porteurs confinés deviennent des transmetteurs à leur sortie du confinement". "Bien que possible, cette probabilité est faible", a fait observer l'expert.
Sur le registre des critères retenus pour l'assouplissement du confinement amorcé le 11 juin, M. Heikel a souligné que ce plan d'allégement tient compte de la loi de Pareto à la lumière de laquelle deux zones ont été établies : 20% des régions représentent 80% des cas.
L'autre critère adopté se rapporte à la probabilité de clusters professionnels ou même familiaux, dont la majorité se trouve dans quatre villes que sont Casablanca, Rabat, Tanger et Fès.
De l'avis du vice-président de la Fédération nationale de la santé, la troisième considération porte sur la capacité du système de santé à gérer un flux de patients le cas échéant.
A la question de savoir quels risques devraient persister pour les personnes exposées, M. Heikel a attiré l'attention sur le cas des personnes âgées et/ou vulnérables et celles souffrant de maladies chroniques.
"Leur risque est plus élevé, deux à trois fois plus, et nous devons concentrer nos efforts envers eux en priorité", a-t-il insisté, en mettant l'accent à cet égard sur l'importance de la télé-médecine et d'applications comme "Wiqaytna" de traçage des contaminations par le Coronavirus.
Il est temps aussi de se tourner vers le dépistage, la sensibilisation, l'éducation à la santé et surtout l'implication des professionnels de santé publique et privés dans la planification de la prise en charge, a conclu l'épidémiologiste.