Dans un entretien à la MAP à l'occasion de la Journée mondiale du donneur de sang célébrée cette année sous le signe "du sang sécurisé pour sauver des vies", M, Benajiba est revenu sur l'état des lieux de la transfusion sanguine au Maroc dans un contexte particulier marqué par la pandémie, en insistant sur l’enjeu prégnant de sensibilisation des citoyens à la question du don de sang.
Étant en passe d'atteindre la barre symbolique de 1% de donneurs par rapport à la population générale (0,99% actuellement), tel que recommandé par l'OMS, le CNTSH a été freiné dans sa lancée par la crise liée à la pandémie et le contexte du confinement. En effet, depuis la déclaration du premier cas au Maroc en mars, les donneurs ont montré une certaine abstention, pour que le nombre de dons chute à 200 le 18 mars, au lieu de 1.000 donneurs quotidiens en temps normal.
Après cette date, le centre a lancé un appel via les médias, rappelle M, Benajiba, pour que le nombre de donneurs reprenne progressivement son cours normal, atteignant à titre d’exemple plus de 1.100 dons quotidiens le 8 juin.
Ce médecin hématologiste a affirmé que "fort heureusement, la consommation a diminué du fait qu'il y a eu moins de blessés graves dans les urgences et que les interventions chirurgicales non urgentes ont été reportées". Il n'a pas manqué de saluer les initiatives salutaires des institutions nationales et de la société civile qui se sont mobilisées pour combler le déficit constaté, "ce qui nous a permis de satisfaire pratiquement tous les demandes pendant cette période de pandémie".
En outre, l'augmentation croissante du nombre de donneurs depuis une dizaine d'années reste un motif de satisfaction pour le directeur qui indique, toutefois, que cette croissance moyenne annuelle de 7% ne couvre pas totalement les nouveaux besoins liés au "développement immense des prestations de santé au niveau national".
A titre d'exemple, le responsable a cité le cas des patients cancéreux qui, en tant que premiers consommateurs de cette matière vitale, n'avaient auparavant pas accès au traitement dont bénéficient actuellement près de 85% d'entre eux, ajoutant que les greffes de cellules souches se sont également développée au Maroc induisant un besoin en sang important.
L’autre chiffre important, dont se réjouit M, Benajiba, est celui de 0,99% de donneurs par rapport à la population générale, soit un total de 334.510 donneurs parmi lesquels 93% sont des volontaires et 07% sont de donneurs de compensation (don effectué par l'entourage d'un receveur).
Depuis 2011, le don volontaire est passé de 63% à 93 % avec l'objectif d'atteindre la barre de 100 % contre une baisse de 37 % à 7% en ce qui concerne le don de compensation. La moyenne nationale des dons réguliers est, quant à elle, passée de 22% en 2018 à 28% en l'année suivante pour un objectif de 30% à l'horizon 2020.
Pour assurer l'autosuffisance en produits sanguins labiles sécurisés, le directeur a souligné la nécessité de prendre de conscience de l'enjeu fondamental de fidélisation du donneur de sang, car "le don ne devrait pas être temporaire et occasionnel, mais devrait s'inscrire dans la durée".
Il a également insisté sur la diversification des dons de sorte à ne pas se contenter uniquement de promouvoir le don de sang total. "Le don de plaquettes et le don plasma devraient être développés au même titre que le don de sang total car ils répondent à d'autres besoins de patients", a t-il fait observer.
Le CNTSH est une institution nationale rattachée au ministère de la Santé et chargée de la mise en œuvre de la politique nationale en matière de transfusion sanguine et d'hémovigilance. Avec pour première mission l'organisation de la politique transfusionnelle du Royaume et la promotion du don de sang, le CNTSH se charge également de former le personnel médical et paramédical en transfusion sanguine, d'améliorer, de mettre au point et de diffuser les techniques transfusionnelles, ainsi que d'assurer la qualité et la sécurité transfusionnelle.