En effet, pour atténuer cet effet, il faudra recourir à l’usage des technologies qui serait très utile pour informer sur l’attachement des communautés aux lieux lors des évènements engendrant l’apparition de foules de taille déterminée et/ou un divertissement de masse.
L'effet coupe du monde est un phénomène ayant un éventuel effet amplificateur au regard de la progression de la pandémie, en termes de nombre de cas infectés au pic et la durée encourue avant son atteinte, explique le centre de réflexion.
Il s'agit d'un évènement conduisant à des rassemblements de masse dans un espace très limité, résultat d’un attachement communautaire ou individuel à un lieu (ou à des lieux), souvent en un temps court. Cet effet se produit, en principe, dans les villes, non seulement lors d’évènements conduisant à des rassemblements de masse, mais aussi en vie normale.
Un comportement de recherche collective de divertissement est également en mesure de produire un tel effet, précisent les experts, soulignant que par conséquent, une des conséquences serait une augmentation de la fréquence des interactions entre les personnes et, alors, une mixité ascendante de la population en question.
Une autre conséquence est l’augmentation du risque de propagation des maladies au niveau géographique concerné, exprimé en principe par une hausse du taux de reproduction, R0.
L'expérience de certains pays laisse soupçonner l’avènement de l’effet en question dans certaines localités, suite à l’assouplissement des conditions du confinement, par exemple, le cas de l’Allemagne où le R0 est repassé au-dessus de 11, en réponse aux premières mesures de déconfinement, à savoir : l’autorisation d’ouverture au profit des commerces d’une surface inférieure à 800 mètres carrés, des concessionnaires automobiles et des marchands de cycles. Afin de contrecarrer la tendance du R0, le port du masque devient alors obligatoire dans les commerces.
Au Maroc, la première phase du déconfinement a été lancée, mais l'impact d'une telle ouverture sur les indicateurs de la propagation de la Covid-19 ne peut être évalué que 10 jours après (durée moyenne d’incubation). L'objectif, et l'espoir, étant d'obtenir des chiffres rassurants, il restera cependant nécessaire de cartographier les risques et les mesures, en tenant compte d’un éventuel "effet coupe du monde", écrivent les experts.
A cet égard, les auteurs de l'analyse ont procédé à une modélisation mathématique de l'effet coupe du monde, à travers le modèle SIR, où SIR signifie “Susceptible-Infecté-Retiré”, un barème utilisé pour modéliser les épidémies dans des conditions simplistes, à savoir : une population de taille constante (N), un taux de contact constant, une absence de dynamique démographique et une bonne mixité de la population.
Cette approche tient compte d'une propagation en deux étapes, une étape initiale de propagation entre populations du rassemblement (ou des rassemblements), puis une seconde étape d’augmentation ultérieure du nombre d’individus infectés en raison de contacts au sein de la population locale.
Ainsi, dans le cas d'un déconfinement sans protection, les estimations des experts faites selon le scénario "coupe du monde" permettent de souligner un pic plus important de personnes infectées, survenant en un nombre de jours plus réduit comparativement au scénario de base. Ce dernier indique un pic du nombre de personnes infectées se situant à environ 1,6/10000 de moins par rapport au scénario coupe du monde. Aussi, ce pic est atteint au bout de 15 jours de plus, ce qui traduit une courbe moins aplatie en la présence de l’effet coupe du monde, détaille l'analyse.
Par contre, dans le cas d'un déconfinement avec auto-protection, les estimations du Policy Center permettent de souligner un impact positif des mesures de protection sur le nombre de personnes infectées au moment du pic, mais aussi sur l'aplatissement de la courbe des infectés indiqué par le temps séparant le jour de la levée du confinement du jour du pic.
Ces estimations montrent, une fois encore, un pic plus important dans un temps plus réduit dans un contexte du scénario "coupe du monde", en comparaison avec le scénario de base. Ce dernier indique un pic du nombre de personnes infectées se situant à environ 0,78/10000 de moins par rapport au scénario coupe du monde. Aussi, ce pic est atteint au bout de 22 jours de plus, ce qui traduit, une fois encore, une courbe moins aplatie en la présence de l’effet coupe du monde.
A cet effet, la levée partielle ou complète du confinement, selon les experts, devrait s’accompagner du maintien des mesures de "distanciation sociale" qui s’avère être la stratégie gagnante. Cela implique le maintien de la fermeture des lieux des grands rassemblements, tels que les cinémas, les stades, les écoles, etc...
Dans les espaces publics, le maintien du port du masque est une exigence, et la limitation des contacts devrait être une règle jusqu’au retour à "la vie d’avant". Les recommandations en termes d’hygiène et de comportement protectif (envers l’autre) sont toujours à l’ordre du jour.
La gestion des flux de personnes devrait également faire partie des mesures à ce moment du déconfinement progressif. Cela concerne aussi bien les espaces publics de flux importants (gares et stations), que les espaces de travail.
En plus de ces pratiques, estimées appropriées à l'"effet coupe du monde", selon Policy Center, les autres bonnes pratiques décidées par les autorités et repérées au niveau de la littérature, sont essentielles pour une levée réussie du confinement.