1 - Y a-t-il un espoir de trouver un traitement pour alléger la gravité de l'Alzheimer pour le patient et sa famille, compte tenu du développement de la recherche scientifique ?
La journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, célébrée le 21 septembre, est un rappel à l’ordre que nous ne devons pas baisser la garde face à ce fléau qui affecte massivement nos proches et nos sociétés. C’est également l’occasion de soutenir la recherche médicale qui ne cesse de réaliser des avancées majeures dans la compréhension des mécanismes de la maladie, son diagnostic précoce et les thérapeutiques visant à l'enrayer.
Cette année, un grand espoir est porté sur une molécule appelée "Aducanumab", dont les autorisations de mise sur le marché américain sont en cours. Cette molécule serait efficace aux stades précoces de la maladie.
2- Des données statistiques révèlent que le nombre de patients atteints d'Alzheimer double tous les 20 ans. Avez-vous des statistiques à ce sujet concernant le Maroc ?
Les données épidémiologiques internationales que vous avez rapportées sont correctes et terrifiantes mais, malheureusement, on n’a pas de données chiffrées précises sur la maladie au Maroc, car il n'y a pas de registre national. Toutefois, on assiste depuis maintenant une dizaine d’années à une hausse considérable du nombre de cas diagnostiqués aussi bien aux centres hospitaliers qu’au niveau des cabinets médicaux des neurologues, psychiatres et gériatres.
Malgré le nombre croissant de malades Alzheimer, le Maroc dispose de très peu de centres dédiés à la prise en charge de ces malades qui restent dans la majorité des cas à la charge de la famille. L'Etat ainsi que les associations de malades doivent agir et s’organiser rapidement afin de répondre à une demande croissante à l’origine d’une souffrance tout aussi grandissante pour la famille et la société en général.
3- Quels sont les effets psychologiques, physiques, sociaux et économiques qu'une personne en charge d'un patient atteint d'Alzheimer pourrait subir ?
Etant une maladie chronique avec une aggravation progressive, les efforts fournis au début par la structure familiale, qui n’est pas forcément formée à la gestion de ce type de maladies, se trouve rapidement dépassée et l’épuisement s’installe.
En effet, le soutien au patient devient chronophage, dépassant 8 à 10 heures par jour. Il est aussi financièrement très lourd et très médicalisé, et parfois reposant sur une seule personne. Les conséquences sont parfois désastreuses sur les plans psychologiques et économiques.
4- Il est certain que le coronavirus a affecté les patients atteints d'Alzheimer et inconscients de la gravité de la pandémie ainsi que leurs familles soucieuses de ne pas leur transmettre le virus. Avez-vous des conseils à ce sujet ?
La maladie d’Alzheimer touche préférentiellement les sujets âgés de plus de 65 ans et qui ont souvent d’autres maladies chroniques liées à l’âge tels un diabète ou une hypertension artérielle. Par conséquent, le malade Alzheimer ainsi que son aidant sont dans une situation à haut risque d'être atteints par la Covid-19. En plus, les troubles de comportement qu'ils présentent comme l'oubli de se laver les mains et le non-respect des précautions recommandées constituent également un risque accru d'infection.
Il est donc nécessaire de rappeler constamment au patient de se laver les mains, de respecter la distanciation physique, surveiller régulièrement son état de santé (toux, fièvre…) et veiller sur son traitement afin d’empêcher l’aggravation de son état et l’affaiblissement de son immunité.