Dans un entretien au magazine français Le Point, le diplomate marocain est revenu sur les enjeux de la médiation du Royaume dans la crise que traverse le Mali, à la lumière de la récente visite du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger Nasser Bourita, sur Très Hautes Instructions de SM le Roi Mohammed VI.
«Le seul enjeu (de la médiation marocaine), c'est la paix et notre sécurité collective. C'est aussi notre devoir d'aider tant que faire se peut un pays frère qui traverse des moments difficiles. Le Mali est membre de la Cedeao, mais il est aussi membre de l'Union africaine, de l'Organisation de coopération islamique et de l'Organisation internationale de la francophonie », a dit M. Naciri.
Pour l'ambassadeur marocain, par ailleurs doyen du corps diplomatique à Bamako, l'intérêt du Royaume puise aussi son explication dans l'histoire, la fraternité des peuples et la nécessité d'appuyer toute démarche favorisant la paix dans la région.
Le Maroc et le Mali sont liés par « des relations multiséculaires qui ont existé avant même la constitution de nos États respectifs. Des relations intenses, multiformes et ininterrompues (…), qu’il nous appartient donc d'entretenir et de pérenniser », a souligné le diplomate marocain.
Interrogé sur la portée de la démarche marocaine et ses retombées sur le plan politique, économique, social et religieux au Mali, l’ambassadeur du Royaume du Maroc a affirmé que « l'objectif ultime n'est autre que la stabilité du Mali, pays qui se trouve au centre du Sahel, dans le voisinage du Maroc surtout en termes de pertinence historique, géographique et culturelle. Il est certain que la stabilité de ce pays rejaillira sur tous les pays voisins et au-delà ».
M. Naciri qui était présent lors de la rencontre de M. Bourita avec les autorités de la transition à Bamako cette semaine, a indiqué que la transition a été enclenchée selon le schéma des arrangements avec la CEDEAO et en référence aux concertations nationales maliennes ayant eu lieu du 10 au 12 courant. « Je crois que les Maliens ayant fait leur choix, il appartient à la communauté internationale de les accompagner. Les efforts du Maroc s'inscrivent parfaitement dans cette démarche », a-t-il souligné.
Concernant la rencontre entre M. Bourita et de hauts dignitaires religieux maliens, parmi eux le chérif de Nioro qui a fait spécialement le déplacement, M. Naciri a expliqué que « le but de l'initiative marocaine, sous la Haute impulsion de Sa Majesté le Roi, Commandeur des Croyants, est de réunir les dignitaires religieux autour des autorités de la transition afin d'aider à baliser le chemin pour une transition apaisée ».
Cette proximité avec les dignitaires religieux maliens est à placer également dans la dynamique de renforcement et de rayonnement régional de l'islam du juste milieu prôné par le Maroc. "L'une des priorités du Royaume sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, Commandeur des Croyants, est de favoriser l'émergence de l'islam de juste milieu tel que pratiqué depuis la dynastie des Idrissides au VIIIe siècle, un islam de l'amour, du respect de l'autre, du partage et d'humanisme. Sur le terrain, c'est cet islam que nous partageons avec un Mali tout aussi imprégné des valeurs intrinsèques du vivre ensemble », a expliqué M. Naciri.
Selon le diplomate marocain, « la crise qui affecte ce pays frère n'est pas seulement malienne. Elle concerne toute la région sahélo-saharienne et est la résultante de facteurs exogènes très prégnants ».
Et l'ambassadeur d'ajouter que le Mali, un pays « attachant » avec un peuple « résilient », « a toujours su relever les défis que sa marche lui impose et nul doute que son passé, connu de tous, continuera de servir de boussole et de levain pour avancer ».