En créant son école de l’aita dans la Ville Lumière, Kamal El Taliani a décidé de renouer avec ses racines marocaines, mais également de faire découvrir à la fois aux immigrés maghrébins et aux Français, le raffinement et la noblesse de ce genre musical, considéré comme l’expression artistique la plus proche des Marocains.
"J’ai consacré beaucoup de temps et d’énergie à ce projet, qui me tenait à cœur depuis longtemps", a indiqué ce passionné de l’art de l’aita lors d’une visioconférence initiée sous le thème "l'aita et son ouverture sur les musiques du monde" dans le cadre de la 19è édition du Festival national de l’Aita.
Kamal El Taliani, dont les parents immigrèrent en France dans les années 80 du siècle dernier, estime que l’internationalisation de l’aita passe d’abord par des fusions de ce genre artistique avec des styles de musique populaire aux niveaux mondial, emboitant le pas notamment à la musique gnaoua, qui a réussi à s’exporter grâce aux fusions avec des musiques du monde.
"Nous sommes appelés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour préserver ce style musical ancestral", a dit l’artiste avec enthousiasme.
Kamal El Taliani, qui assure que l’aita est très apprécié par les immigrés marocains et maghrébins en France, n’a qu’une seule idée en tête : faire rayonner l’aita dans l’Hexagone et le lancer à l’international.
Né à Hay Mohammadi à Casablanca de père originaire de Safi et de mère italienne, Kamal El Taliani a eu l’opportunité de fréquenter dans sa jeunesse plusieurs artistes issus de ce quartier emblématique connu pour son effervescence artistique et une grande dynamique culturelle.
El Taliani n’hésite pas à reconnaitre l’influence exercée par les artistes du quartier Hay Mohammadi sur ses goûts artistiques.
Une fois installé à Paris, cet artiste forma dans les années 90 du siècle dernier, un binôme intéressant avec Fettah El Messnaoui, lui aussi artiste originaire de Hay Mohammadi.
Le binôme a réussi à s’imposer sur la scène artistique française et à devenir très populaire auprès de la diaspora maghrébine grâce à un rythme musical construit sur une mixité des instruments portée avec des paroles puisées dans les traditions populaires marocaines.
Dans sa jeunesse, il était épris par la guitare, à l’instar de beaucoup de jeunes de l’époque. Il n’apprendra que beaucoup plus tard le violon et il est devenu aujourd’hui l’un des virtuoses de cet instrument.
"Le violon, l’instrument de base dans la chanson Chaâbi, est devenu mon compagnon préféré", a relevé l’artiste marocain établi en France, notant que l’aita a toujours été très présente dans la vie quotidienne des Marocains que ce soit lors des mariages ou des fêtes nationales, de même qu’il a joué un rôle prépondérant dans la résistance au colonialisme.
Cet artiste, qui porte le souci de contribuer à préserver cette composante du patrimoine immatériel marocain, insiste sur la nécessité de miser sur les jeunes, qui au contraire de ce qui est véhiculé, apprécient ce genre. La preuve c’est que cette nouvelle génération d’artistes passionnés par ce style a réussi à donner un nouveau souffle à l’aita, qui revient en force ces dernières années.
Kamal El Taliani est convaincu que son projet artistique est voué à la réussite étant donné que ce style musical est très populaire auprès des MRE, qui ne cessent de témoigner leur attachement à leur identité culturelle et leur patrimoine authentique.