Une soirée éclectique qui a permis aux festivaliers-internautes de célébrer sous le signe du partage, malgré la distance, Covid-19 oblige, la splendeur, l'originalité et la singularité de cet art ancestral et de cet héritage culturel séculaire aussi bien aissaoui que hamdouchi, profondément enraciné dans l'histoire millénaire et la culture mystico-religieuse et plurielle du Royaume.
Ce concert, enregistré sans public à l'espace emblématique de "Dar Souiri", a ainsi offert l'opportunité de découvrir, pour certains, ou de revivre, pour d'autres, des moments intenses de spiritualité et de méditation, en donnant à savourer, à sa juste mesure, ce genre de répertoires musicaux et de formes mélodiques qui font partie du riche patrimoine immatériel du Royaume, auquel les Marocains demeurent viscéralement attachés depuis des siècles.
Grâce à des prestations exécutées avec brio, les troupes des Aissaoua et des Hmadcha d'Essaouira ont gratifié les passionnés d'un spectacle musical de toute beauté, avec à la clé des rythmes et mélodies propres à chacune des deux confréries, accompagnés de chants collectifs puisés dans le riche patrimoine mystique marocain, de louanges à Dieu et au Saint fondateur et de panégyriques du prophète Sidna Mohammed (PSL).
Ce spectacle de haute facture est venu aussi illustrer la richesse des traditions musicales populaires à Essaouira ainsi que la multiplicité des rituels ancestraux propres aux différentes confréries existantes dans la Cité des Alizés, perpétués par leurs adeptes qui veillent à en assurer la transmission de génération en génération.
Auparavant, la soirée avait pris son envol par la présentation aux aficionados nostalgiques d'une nouvelle version revisitée de "Ayli Hayani", l'une des plus belles et célèbres œuvres du répertoire musical marocain, signée par l'un des ténors de la chanson marocaine, Feu Mohamed Fouiteh.
Cette chanson a été de nouveau arrangée et revue par le talentueux violoniste Elad levy, avec la contribution des chanteurs Yohai Cohen, Hicham Dinar, Lala Tamar, du maître gnaoui Cherif El Kadiri, ainsi que de musiciens issus du Maroc et d’ailleurs.
Amplement réussie, cette œuvre artistique témoigne, si besoin est, que la musique demeure ce langage universel qui transcende les frontières, rapproche les esprits et établit des passerelles de dialogue et d'écoute entre Musulmans et Juifs qui demeurent très attachés à la richesse et à la diversité de l'identité marocaine plurielle.
En effet, là où ils se trouvent de par le monde, les Marocains de confession juive veillent à sauvegarder jalousement la culture du pays d'origine : pratiques cultuelles et fêtes profanes avec leurs défilés de mets et de chants et danses. Outre la musique andalouse, le Malhoun, le Chgouri et le Chaâbi, la chanson dite "Aasria" est fredonnée aussi par tous les âges et ses tubes inoxydables sont repris, en darija et en hébreu, par des générations d’interprètes.
Cette soirée a été, par ailleurs, agrémentée d'un nouveau "best of" des précédentes éditions du Festival, une occasion de replonger dans la mémoire de ce rendez-vous musical automnal et de revivre des moments mémorables avec les prestations, entre autres, de Neta El Kayam, du Doyen Benomar Ziani, des divas Raymonde El Bidaouia et Haja El Hamdaouia, de la grande Leonor Leal en compagnie de l'artiste Omar Metioui, du duo Ana La China et Ravi Shaknar Mishra, de Moneim Adwan, de Flamenca Esperenza Fernandez, du grand maître Mohamed Briouel avec la chorale David Hamelech.
Elle a été, en outre, émaillée d'une compilation de témoignages de résidants et hôtes de la Cité des Alizés, à travers lesquels ils ont tenu à exprimer leurs vifs remerciements au comité d'organisation, qui n'a ménagé aucun effort en vue de présenter une nouvelle édition du Festival des Andalousies Atlantiques, malgré ces temps de crise sanitaire induite par la propagation de la Covid-19.
Ils se sont dits fiers de voir cette édition unir et réunir des milliers de Musulmans et de Juifs, parmi les amoureux de bonne musique, même en mode virtuel, pour chanter ensemble, célébrer dans la communion cette belle diversité artistique et cet héritage judéo-marocain assez exceptionnel et authentique, et vivre de nouvelles émotions, le tout dans la joie et la fête.
Ils ont été, en outre, unanimes à souligner qu'il s'agit d'un festival du vivre-ensemble, qui n'existe nulle part ailleurs au monde, marqué du sceau du respect des différentes religions, confessions et cultures, notant que ce rendez-vous devrait servir d'exemple au monde, humainement parlant, mais surtout culturellement et musicalement.
Tout en souhaitant longue vie au Festival, qui se veut aussi un point de rencontres entre des sommités artistiques nationales et étrangères pour vivre des moments d'exception, ils ont émis l'espoir de se retrouver très prochainement à Essaouira, cette cité hospitalière, qui ne cesse de promouvoir cet esprit de Mogador imprégné des valeurs de paix, d'ouverture, de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et civilisations, notamment à travers les musiques et sonorités des "Andalousies Atlantiques".