"La situation n’a malheureusement pas changé (..) sur le plan des libertés et des droits humains. On constate un recul énorme", a dit cet ex-détenu du hirak dans un entretien au journal "Liberté".
Il a expliqué que deux ans après, les raisons qui ont fait sortir des millions d’Algériens dans la rue sont toujours là avec une crise profonde et multidimensionnelle, une crise au triple plan : politique, économique et social.
Le président de RAJ a fait état également de la fermeture du champ politique et médiatique ainsi que celle de l’espace public, alors que les harcèlements policiers et judiciaires contre les militants et les hirakistes se sont multipliés.
"A cela s’ajoutent le chômage endémique et la dégradation du pouvoir d’achat", a-t-il fait observer, expliquant que le pouvoir a fait perdre au pays deux années et il continue dans son entêtement et sa politique du fait accompli en imposant, d’une manière unilatérale et antipopulaire, sa feuille de route basée sur l’organisation des élections malgré le rejet populaire comme cela a été le cas le 12 décembre et le 1er novembre 2020.
"Plus que jamais, le pouvoir doit se rendre compte de l’échec de son agenda", a-t-il insisté, avertissant que de cette manière, le régime en place "mènera le pays droit dans le mur".
Le président du RAJ a expliqué que la poursuite des arrestations est une conséquence de la gestion sécuritaire prônée par le pouvoir pour gérer le Hirak.
"Nous attendons la libération de tous les détenus au niveau national ainsi que leur acquittement et leur réhabilitation car ils sont innocents", a lancé M. Fersaoui, rappelant que les Algériens ont déjà vécu le même scénario le 2 janvier 2020 quand 76 détenus avaient été libérés le même jour.
"Mais, cela n’a pas empêché l’arrestation d’autres hirakistes quelques jours plus tard", a-t-il déploré.
Revenant sur la décision d’organiser des élections anticipées, il a noté que "cela ne peut constituer une solution à la crise profonde et structurelle que vit le pays".
"L’agenda électoral imposé par le pouvoir a déjà montré ses limites", a-t-il estimé, rappelant que depuis le mouvement d’octobre 1988, l’Algérie a organisé des dizaines d’élections à tous les niveaux, mais sans que cela apporte le changement souhaité.
"La démocratie ne se réduit pas seulement à l’acte de mettre un bulletin dans l’urne, c’est un exercice quotidien des libertés et des droits", a relevé M. Fersaoui.
Pour le remaniement du gouvernement, il a estimé que cette opération ne va rien changer, car aucun gouvernement ou aucun ministre ne pourra changer les choses sous ce système.
Il s’est dit "craindre" que "ce ne soit qu’une diversion à l’occasion du 2e anniversaire du Hirak", déplorant une situation qui "n’a malheureusement pas changé".
Deux ans après l’irruption du mouvement populaire, le pouvoir doit cesser son entêtement et écouter le peuple, a-t-il préconisé, estimant que pour le Hirak, la prochaine étape est politique par excellence.
"La reprise des marches pacifiques est importante pour maintenir la pression, mais cela reste insuffisant. Avec la crise sociale, le peuple est en quête d’un horizon, c’est la raison pour laquelle nous devons donner un souffle nouveau et un prolongement politique aux manifestations populaires", a-t-il ajouté.
Revenant sur le dialogue avec le pouvoir, il a indiqué qu’il est impossible "dans un contexte où le champ politique et l’espace public sont fermés, le champ médiatique verrouillé et où les Algériens risquent la prison pour leurs opinions".
"Le dialogue doit porter sur le processus du changement pacifique et global du régime, pas sur une loi ou une élection", a-t-il estimé.
Et de se réjouir que malgré les différentes tentatives de le diviser, de le normaliser et de le dévier de son objectif, le Hirak a montré qu’il était toujours vivant lors de la marche de Kherrata le 16 février dernier qui, selon lui, reflète l’engagement et la détermination du peuple algérien à continuer sa lutte pacifique pour reconquérir sa liberté et récupérer sa souveraineté.