Les restrictions sanitaires imposées face à la pandémie bouleversent les rites du mois sacré de Ramadan : Impossible d'organiser les prières collectives nocturnes, les Iftars collectifs et les veillées religieuses qui donnent au mois béni toute sa particularité et sa singularité. Un mal agaçant pour la communauté musulmane mais nécessaire puisqu'il s’agit de la protection de la santé publique.
Malgré une baisse "encourageante" des cas de Covid-19 au cours des dernières semaines et le lancement réussi de la campagne de vaccination contre le virus, les autorités rwandaises restent vigilantes face au risque d’une troisième vague de contaminations. Le gouvernement vient de prolonger les restrictions sanitaires en place depuis plusieurs mois.
En temps normal, le principal quartier où résident les musulmans à Kigali, Nyamirambo, connaît un tourbillon de sons, de mouvements et de saveurs. Chaque soir, les Musulmans du quartier prennent le repas de l'iftar collectivement dans les rues, devant les maisons ou dans les mosquées, dans une ambiance festive de convivialité et de partage. Cette année encore, le célèbre quartier est quasiment déserté alors que le repas de rupture du jeûne est pris dans la stricte intimité familiale.
Si la pandémie de Covid19 empêche la bonne tenue des rites religieux, il n'enlève rien à l'esprit du Ramadan : de nombreux acteurs de la communauté musulmane s’organisent pour aider les plus démunis.
Le Hajj Salim, propriétaire d’un commerce au quartier Nyamirambo, a confié à la MAP que cette année encore, la crise sanitaire a impacté les habitudes des Musulmans et l’ambiance ramadanesques, soulignant la nécessité de s’adapter aux contraintes sanitaires pour l’intérêt général.
"Ce n’est pas l’idéal pour un Musulman qui a ses rites, ses habitudes, ses traditions et ses attentes durant une période de spiritualité, de convivialité de recueillement, mais coronavirus oblige. Il faut s'accommoder de la situation pour le bien de tous", a-t-il déclaré.
Ce père de trois enfants a dit préférer rester optimiste tout en implorant le Tout-puissant que la situation sanitaire s’améliore dans les semaines à venir et que les mosquées se remplissent à nouveau, comme avant.
"La seule chose qui me manque le plus est sans doute la prière des Tarawih en groupe à la mosquée et les veillées religieuses nocturnes qui représentent les meilleures moments pour apprécier ce temps de partage et de vie sociale", a admis ce quinquagénaire.
Ilham, une ressortissante marocaine installée au Rwanda depuis 2016, regrette les "longues tablées d’Iftar installées chaque soir par ses collègues, symbole de communion et de partage pendant le mois sacré", se disant consciente que l’enjeu sanitaire et la nécessité d’être solidaire dans la protection de soi et des autres en respectant à la lettre les règles sanitaires.
Sur les réseaux sociaux, qui occupent une grande partie de son temps, elle a "découvert l’ampleur de la solidarité mise en place par la communauté musulmane du Rwanda pour venir en aide aux personnes démunies".
Cette trentenaire ainsi que des membres de la communauté musulmane ont lancé des initiatives de solidarité sur les réseaux sociaux destinées à ceux dans le besoin, en mobilisant chaque soir des aides financières ou alimentaires.
Malgré deux années consécutives de restrictions, les Musulmans du Rwanda rencontrés prennent la crise sanitaire avec un esprit de responsabilité et espèrent que le virus ne soit plus qu'un mauvais souvenir l'année prochaine.
Le Rwanda, dont la communauté musulmane est estimée à environ 20% de la population, compte à ce jour 23.866 cas de contamination au coronavirus, dont 22.082 guérisons et 322 décès, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé.