“Dans la doctrine des généraux algériens, une Algérie puissante et conquérante ne peut exister que face à un Maroc affaibli. Dans l’idéologie militarisée de ce régime, les rêves de puissance et de domination ont été nourris par une ivresse gazière et pétrolière qui lui procurait dans le passé les capacités sonnantes et trébuchantes d’acheter les consciences et les réseaux”, souligne-t-il dans une analyse.
"Ce logiciel de gouvernance est toujours à l’œuvre à Alger alors que les Marocains, forts de leurs droits historiques, de leur incontestable unité, de leur leadership régional, ont réussi des percées diplomatiques qui l’ont spectaculairement rendu caduc", note l'auteur.
Au regard des évolutions internationales que connaît le dossier du Sahara et de la situation politique au Maghreb, une certaine interrogation gagne beaucoup en pertinence : À quoi sert le polisario dans une équation politique où l’indépendance de ce territoire est totalement exclue ? Quelle est l’utilité de la carte du polisario dans un univers où le plafond des solutions proposées ne dépassera pas l’autonomie dans le cadre d’une régionalisation marocaine avancée ?, relève M. Tossa dans cette analyse sous le titre “Le polisario … pourquoi faire” publiée sur le site Atlasinfo.
Il estime que pour le voisin algérien, le polisario est une “précieuse flèche” dans son arsenal de compétition à l’égard du Maroc. Si précieuse qu’il en a fait une cause sur laquelle son institution militaire déverse chaque année des dollars par millions pourvu qu’elle conserve sa capacité de nuisance, relève-t-il.
Si précieuse que le régime algérien préfère passer par pertes et fracas les essentiels besoins de sa population, santé, éducation, logement plutôt que de priver le polisario de son aide et de son parrainage, poursuit-il.
A ses yeux, cette flèche est si précieuse que le régime d'Alger la considère dans les faits comme “l’unique dossier de son appareil diplomatique à travers le monde, dédié corps et âme à faire lustrer l’image des milices séparatistes du polisario au lieu de défendre dans les grands forums les intérêts des citoyens algériens”.
Pour tenter de convaincre son opinion de plus en plus réticente, observe M. Tossa, le régime algérien lève l’étendard du principe de l’autodétermination, mais “son opposition ainsi que le bon sens de sa population lui répond : Pourquoi ce régime est-il si attaché à ce principe alors qu’il le dénie ouvertement et quotidiennement au peuple algérien qui proteste dans la rue pour exiger des conditions de vie décente et à la Kabylie qui crie avec souffrance et frustration son identité et son particularisme ?”, constate-t-il.
Pour M. Tossa, la carte du polisario ne sert pas uniquement les obsessions politiques internes algériennes, elle assouvit aussi les aspirations de blocage de tous ceux qui luttent ouvertement contre l’idée même de la construction du Grand Maghreb, ajoutant que pour Alger maintenir vivace un foyer de tensions dans cette région est la “meilleure garantie que le rêve unitaire ne verra pas le jour de sitôt”.
Et d’ajouter que c’est dans ce contexte qu’il faut placer la sortie de l’ancien Premier ministre français Manuel Valls et son analyse de la situation qui affirmait que “ce conflit provient d’un monde qui n’existe plus, le monde des blocs, les vestiges de Yalta et ses conséquences sur un continent comme l’Afrique, tout cela est désuet et la fiction entretenue sur l’indépendance du Sahara subsiste encore dans certaines sphères politiques espagnoles".
Cette invitation lancée aux Européens, Français et Espagnols à sortir de la zone grise et à soutenir publiquement la marocanité du Sahara, devient de plus en plus persistante et difficile à ignorer de la part des grands centres de décisions en Europe, note M. Tossa, faisant observer que le polisario sert aujourd’hui uniquement à prolonger une situation de crise et de tensions dans une région où les risques de déstabilisation à cause d’autres organisations armées comme Daesh et Al Qaida sont pesants.