"Malheureusement, le gouvernement espagnol actuel, formé d'orientations politiques différentes, parfois contradictoires, a mal géré un certain nombre de questions et de dossiers avec le Maroc, et on peut dire qu'il est tombé dans de graves erreurs, qui ne peuvent être acceptées sur la base de la situation actuelle marquée par des évolutions profondes dans la nature des dossiers communs entre les deux pays", a relevé M. Boukhobza dans une interview accordée à la MAP.
L'académicien a précisé que le Maroc, face à ces bévues, a exigé des réponses claires de la partie espagnole sur un certain nombre de questions, notant qu'il s'agit notamment de "l'agacement de Madrid en réaction à la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara", et de "l'accueil du chef du polisario, le dénommé Brahim Ghali, sous une fausse identité, sans en informer et aviser le Maroc à l'avance".
L'analyste a, à cet égard, estimé que "les relations maroco-espagnoles, régies par des considérations historiques et de nombreux dossiers bilatéraux, ne sont pas au beau fixe", mettant l'accent sur l'incapacité de la partie espagnole à appréhender les changements majeurs qui se sont produits dans la réalité régionale, notamment au niveau de la nature des nouveaux dossiers entre les deux pays et leur position au niveau régional.
"La nature des dossiers et des sujets traités dans les relations bilatérales a changé, tout comme la position des pays, et le Maroc du troisième millénaire est radicalement différent du Maroc d'antan. Ses intérêts s'imposent et c'est sur cette base qu'il agit", a-t-il insisté, invitant la classe politique espagnole à être consciente de ces évolutions et à mettre les questions sujettes à controverses avec le Maroc sur la table des discussions.
"Il est exclu que l'Espagne mette en danger les relations stratégiques avec le Maroc, qui est son premier partenaire économique en dehors de l'Union européenne", a-t-il estimé, ajoutant "peut-être nous sommes en train d'aborder une nouvelle étape dans les relations bilatérales, et les Espagnols doivent être conscients des évolutions actuelles et pouvoir s'y adapter, au service des questions bilatérales".
Dans ce contexte, M. Boukhobza a affirmé que l'Espagne ne peut à elle seule faire face à l'immigration clandestine, ni à la criminalité transfrontalière, soulignant que pour relever ces défis, il faut des relations équilibrées fondées sur la confiance mutuelle entre les deux pays, qui est un pilier fondamental dans la construction de toute relation stratégique.
Il a conclu que le Maroc, un pionnier au niveau africain en matière d'immigration, qu'il considère comme un facteur positif de développement, ne peut pas jouer le rôle de "gendarme" dans la maîtrise des flux migratoires, rappelant que le Maroc a appelé, à maintes reprises, à la nécessité d'adopter une approche globale de la question des migrations, qui tient compte des dimensions sécuritaire et du développement.