Dans un communiqué, le Conseil dit “suivre, avec profond regret, certaines pratiques ignobles qui ont émaillé la couverture médiatique des opérations de sauvetage de l’enfant”, faisant état de “nombreuses violations à la Charte de déontologie du journalisme, commises par des journaux électroniques qui ont fait litière des principes humanitaires contenus dans ladite Charte”.
Le CNP insiste que les entreprises de presse, journalistes et professionnels “sont tenus de respecter ces principes, particulièrement en temps de crises et de catastrophes qui ne doivent, en aucun cas, s’ériger en source de gain matériel et de sensationnalisme mesquin pour augmenter le nombre de visionnages, entre autres méthodes visant à monnayer les drames humanitaires”.
Le Conseil a passé en revue certaines de ces violations, tels les faits de filmer l’enfant Rayan au fond du puits, visage maculé de sang, dans une situation humaine difficile qui attente aux sentiments de sa famille, de violer le principe de droit à l’image, de filmer et interviewer des enfants et des mineurs traumatisés suite à l’impact de cet incident, outre la publication de photos de mineurs à travers des vidéos filmées dans le périmètre de la zone de sauvetage, à des fins de sensationnalisme gratuit, au mépris de leur situation psychologique et de leur âge.
Ces actes sont antinomiques de l’axe II de la Charte de déontologie du journalisme, relatif à la responsabilité vis-à-vis de la société, en particulier l’article 9 portant sur la protection des mineurs.
Ces pratiques se situent également en porte-à-faux du premier axe de la Charte, notamment l’article 1 relatif à la quête de la vérité, ajoute le CNP, soulignant que le traitement des données relatives à l’opération de sauvetage s’est fait de manière non professionnelle, via la diffusion d’informations fallacieuses, la prépondérance de la logique mercantile outre la non authentification des faits rapportés.
Certains journaux électroniques ont interviewé les membres de la famille de Rayan, déclarant de manière flagrante que cette vidéo allait augmenter le nombre de vues, souligne le CNP, notant que l’exploitation de la situation psychologique de la famille, en posant des questions antipodales à la déontologie journalistique, relève d’une activité purement commerciale qui profite de la confusion et du désarroi qui tourmentent les proches de l’enfant dans l’attente de la réussite de l’opération de sauvetage.
Cela constitue également une violation flagrante de l’axe II de la Charte de déontologie du journalisme, notamment la première clause relative au respect de la dignité humaine, selon la même source.
Le CNP exhorte les différents médias à mettre pleinement en pratique la déontologie de la profession et ses nobles principes et règles, notant que la couverture médiatique des drames humains interpelle principalement “le degré de respect par la presse de ses responsabilités sociales et son souci de ne pas appréhender les tragédies comme moyen lucratif”.
Le Conseil a, par ailleurs, salué les supports médiatiques ayant accompli un travail journalistique sérieux, faisant savoir “qu’il est en train de lister les différentes infractions nécessitant une poursuite disciplinaire en vue de l’activation de la Charte de déontologie du journalisme et ce, conformément aux dispositions de la loi portant création du CNP, son règlement intérieur et la procédure de réponse automatique aux violations de l’éthique de la presse”.