Cette cérémonie a été rehaussée par la présence d'une pléiade de personnalités du monde intellectuel, politique et diplomatique, notamment l'historiographe du Royaume Abdelhak Lamrini.
Dans son mot de circonstance, Mme Chrifa Lalla Badr Saoud Al Alaoui, présidente de la Fondation Miftah Essaâd, a indiqué que la fondation a été soucieuse de contribuer à mettre en relief le patrimoine immatériel du Maroc, considéré comme une source de richesse.
"Malgré son jeune âge, la Fondation n'a cessé de contribuer à la valorisation du patrimoine immatériel du Maroc, conformément aux Hautes Orientations Royales contenues dans le Discours du Trône de 2014", a-t-elle signalé.
Les archives sont une "véritable richesse", pour leur rôle en tant que garantes de l’histoire des peuples et de leur présent et pilier essentiel de leur avenir, a souligné la présidente de la fondation, ajoutant que "ce trésor" permet la préservation du patrimoine culturel dont les "Khattarats", un savoir ancestral présent dans six régions du Royaume.
Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a pour sa part, insisté sur le rôle socio-économique des "Khattarats" dans le milieu oasien, qui participent d'une manière remarquable et ingénieuse au développement de ces zones.
Saluant l'action de la Fondation Miftah Essaâd en matière de préservation du patrimoine immatériel, à travers ses activités et plaidoyers en faveur des "Khattarats", M. Bensaid a évoqué l'important rôle des "Chioukhs" qui préservent et perpétuent au niveau de la communauté locale, le savoir lié à ce patrimoine.
De son côté, le directeur de la BNRM, Mohamed El Ferrane, a fait savoir dans une déclaration à la presse que les archives remises sont des études réalisées autour des "khattarats", un modèle de gestion hydraulique et singulier de par ses dimensions anthropologiques et sociologiques.
Les caractéristiques uniques des "Khattarats" ont en fait un patrimoine immatériel authentique et ancestral qui a besoin d'être préservé, a-t-il relevé.
"Les Khattarats du Maroc sont un univers extraordinaire, dont l'eau est gérée par des communautés locales d'une manière très organisée, avec parfois des tensions hydriques et des asséchements, mais également des retours d'eau", a indiqué à M24, la chaîne télévisée d’information en continu de la MAP, le directeur de recherche émérite à l'Institut de recherche pour le développement, Thierry Ruf.
Évoquant avec émotion l'expérience vécue du retour d'eau dans les années 2007-2008 dans la région de Tafilelt et ses retombées dans la gestion des "Khattarats", avec une nappe phréatique qui a remonté de 20 mètres, M. Ruf a mis en avant l'ingéniosité du système basé sur la répartition hydrique égalitaire.
S'agissant des archives remises, le chercheur a fait savoir qu'elles représentent un ensemble de documents accumulés durant plus de 20 années de recherche sur le terrain, avec des cartes, des illustrations, des documents historiques remontant à l'avant-protectorat et qui permettent de cerner la situation des "khattarats" dans les années 30 et 40.
La cérémonie a également été marquée par la remise du Prix national d'excellence pour le développement durable édition 2021, à la fondation Miftah Essaâd pour le capital immatériel du Maroc, en guise de reconnaissance du travail remarquable mené par cette institution pour la préservation du capital immatériel du Royaume.
Les Khattarats sont un ingénieux savoir-faire ancestral de drainage des eaux souterraines, remontant à l'époque almoravide. Elles consistent en un système technique de captage des eaux souterraines pour irriguer les champs et les oasis de Tafilalet, ou pour alimenter des bassins.
Les communautés locales, ont pour leur part, mis en place un savoir ancestral lié à la gestion de la distribution de l'eau des Khattarats d'une manière rationnelle et équitable, mettant ainsi en application le droit de tout un chacun à l'eau, tout en respectant la période et la quantité d'exploitation.