Dès le début de l’année, des révélations en cascade sur des fêtes organisées à Downing Street et Whitehall durant les confinements successifs qu'a connus le Royaume-Uni ont affaibli la position de Boris Johnson et de ses proches collaborateurs.
Le Premier ministre de l’époque avait dû faire son mea culpa à la chambre des Communes et défendre son bilan à la tête du gouvernement pour préserver l’unité précoce de son parti et calmer, momentanément, les ardeurs de l’opposition travailliste.
L’émergence du conflit russo-ukrainien a participé à l’apaisement de la fronde autour du leader conservateur, détournant l’attention des médias et offrant à Boris Johnson l’occasion de réaffirmer le leadership du Royaume-Uni en Occident.
Mais suite à l’enquête interne de la haute fonctionnaire Sue Gray, puis à l’enquête de la police de Londres (Met) qui l’a mis à l’amende, Johnson s'est retrouvé au cœur d'une enquête parlementaire évaluant s'il a sciemment induit en erreur les députés dans cette affaire, en soulignant à maintes reprises au Parlement que "toutes les règles avaient été respectées".
Cette énième enquête a été la goutte d’eau qui a poussé les députés conservateurs à déclencher un vote de confiance, que Johnson a réussi a remporté, repoussant, l’espace de quelques semaines, l’inévitable.
À la tête d’une majorité trop divisée, le leader conservateur s'est retrouvé contraint à jeter l’éponge, provoquant un vote au sein du parti conservateur pour l’élection d’un nouveau leader et donc d’un nouveau Premier ministre.
Au bout d’une campagne qui a duré durant tout l’été, Liz Truss a réussi à tirer son épingle du jeu grâce à un discours économique très à droite qui a trouvé écho chez les quelque 180.000 adhérents tories.
Deux jours seulement après sa nomination à la tête du gouvernement, la Reine Elizabeth II a rendu son dernier souffle, après plus de 70 ans de règne à la tête du Royaume-Uni et de 15 autres États où elle avait le statut de Souveraine, une longévité sans précédent pour la monarchie britannique.
Le décès de la Reine a provoqué un choc immense chez les Britanniques qui voyaient en la souveraine l’incarnation d’une stabilité imperturbable au milieu des remous politiques.
Après la proclamation de Charles III et la période de deuil national, la politique a repris ses droits, permettant à Truss de présenter un plan budgétaire dispendieux de réductions non financées des impôts.
Une stratégie qui a été mal accueillie par les marchés internationaux et le Fonds monétaire international, provoquant dans la foulée la chute de la livre à son plus bas historique et l’envolée des taux d’emprunt.
Une série de retournements de situation n’a pas suffi à regagner la confiance des marchés ni à resserrer les rangs d’une majorité encore plus divisée qu’à l’ère Johnson. Liz Truss a dû démissionner après seulement 44 jours, devenant la cheffe de gouvernement à la longévité la plus éphémère de l'histoire du Royaume-Uni.
Le revers de Mme Truss a permis au financier Rishi Sunak de prendre sa revanche, sept semaines seulement après avoir perdu la course à la direction du parti conservateur. Sa rigueur budgétaire qui avait provoqué l’ire des plus libéraux des conservateurs s'est transformée en atout prisé pouvant servir à regagner la confiance des marchés financiers et à restaurer la crédibilité du Royaume-Uni sur la scène internationale.
Sa première grande décision a été de mettre en place un budget de rigueur dans un pays désormais en récession. Son chancelier de l’échiquier, Jeremy Hunt, a annoncé mi-novembre une nouvelle stratégie donnant la priorité à la stabilité des finances publiques et la lutte contre l’inflation.
Alors qu’il a hérité de la lourde tâche de rassurer des marchés échaudés par les annonces du précédent gouvernement, M. Hunt a mis en place une batterie de mesures de 55 milliards de livres au total. Parmi lesquelles l'abaissement du seuil le plus élevé de l'impôt sur le revenu, et un relèvement de la taxe sur les revenus exceptionnels des géants pétroliers et énergétiques.
Ces hausses d’impôts, jugées nécessaires par certains, font craindre à d'autres un impact sur le pouvoir d’achat déjà laminé par l’inflation galopante. En effet, la flambée de l'inflation à 11% aura pour conséquence de faire "chuter de 7% le niveau de vie" au Royaume-Uni en deux ans, malgré les aides gouvernementales, "effaçant ainsi huit années de progrès", selon l'organisme public de prévisions budgétaires (OBR).
Une fin d’année difficile qui laisse entrevoir une année 2023 sous le signe de l’austérité. De mauvais augure pour Rishi Sunak qui espère regagner des points dans les sondages d’opinion, désormais favorables à l’opposition travailliste, avant les prochaines élections générales.