A la faveur de la signature de plusieurs accords de coopération dans des domaines aussi diversifiés que la culture, la recherche scientifique, la défense et l’investissement, les deux pays sont parvenus à concrétiser ce rapprochement politique en jetant les bases d’un partenariat stratégique destiné à tirer le meilleur des opportunités offertes par deux pays influents dans leurs régions respectives et dans l’espace atlantique.
La visite de SM le Roi Mohammed VI en 2004 au Brésil a permis au partenariat du Maroc avec ce pays de 215 millions d’habitants, première économie latino-américaine, de prendre de l’envergure et d’intégrer de nouveaux segments à grande valeur ajoutée pour les deux parties.
Le rapprochement entre les deux pays est favorisé par la position "légaliste et sage" du Brésil au sujet du Sahara marocain, comme l’avait affirmé l’ambassadeur du Maroc à Brasilia, Nabil Adghoghi.
"Le Brésil, dans une position légaliste, sage et très respectée, n'a jamais reconnu cette entité fictive (rasd) et continue de défendre une solution politique au Conseil de sécurité" comme issue au différend artificiel autour du Sahara marocain, a-t-il soutenu.
L’excellence des relations de coopération s’est muée ainsi en motif de satisfaction chez les dirigeants des deux pays. Le vice-président brésilien, Geraldo Alckmin, s'est félicité récemment de ce partenariat, se disant confiant à l’égard du potentiel de développement de la coopération économique entre les deux pays.
"Je pense qu'il existe un grand potentiel pour accroitre davantage le commerce bilatéral et renforcer notre partenariat dans des domaines d'intérêt commun, tels que les énergies renouvelables", a écrit Alckmin sur son compte Twitter.
En effet, le Maroc est le deuxième partenaire commercial du Brésil sur le continent africain, au moment où le pays sud-américain est devenu ces dernières années le quatrième partenaire du Royaume. Dans la foulée, le volume des échanges a atteint des niveaux historiques, 3 milliards de dollars en 2022.
Les chiffres du premier trimestre de cette année ne font que consolider cette tendance: les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 641,6 millions de dollars, marquant un bond de 37,1% par rapport aux trois premiers mois de 2022.
Les exportations marocaines vers le Brésil ont atteint 333,8 millions de dollars au cours du premier trimestre, soit une hausse de 49,31% par rapport à 2022 (223,5 millions), selon des données recueillis auprès du ministère brésilien du développement, industrie, commerce et services, qui fait état d’un excédent commercial en faveur du Maroc de 26 millions de dollars.
La coopération économique est appelée à être élargie à d’autres domaines d’intérêt pour les deux pays comme la logistique maritime, la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, l'industrie minière décarbonée et les bio-carburants.
Tamer Mansour, Secrétaire général de la Chambre de commerce arabo-brésilienne, avait estimé dans une interview à la MAP qu’"en matière de commerce, on assiste à une dynamique de maturation dans les relations entre le Brésil et le Maroc, grâce notamment à un travail de rapprochement politique entre les deux pays".
L'expert brésilien en géopolitique et relations internationales, Marcus Vinicius de Freitas, explique cette prospérité du commerce bilatéral par l’excellence des relations politiques, basées sur le respect mutuel et le pragmatisme et faisant fi des orientations idéologiques des gouvernements successifs au Brésil.
Selon le Senior Fellow au think tank Policy Center for the New South (PCNS) et professeur invité à la China Foreign Affairs University, le Royaume est un partenaire stratégique pour le Brésil qui importe notamment des engrais indispensables pour son agriculture qui connaît un essor surprenant.
Les deux pays nourrissent des projets encore plus prometteurs sous le gouvernement du président Lula Da Silva, qui a reçu le 1er janvier le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch représentant SM le Roi à la cérémonie de son investiture. Le programme d’action du nouvel ambassadeur brésilien au Maroc, Alexandre Guido Lopes Parola, dont la nomination vient d’être approuvée par le Sénat, montre aussi à quel point Brasilia tient à accélérer le raffermissement du partenariat avec le Maroc.
Alexandre Parola a présenté devant le Sénat des propositions telles que l'augmentation et la diversification du commerce entre les deux pays, le développement des activités économiques, l’intensification des flux de missions commerciales brésiliennes et la réactivation de la liaison aérienne entre Sao Paulo et Casablanca, le seul vol qui relie l'Afrique du Nord à l'Amérique du Sud.
Il sied de rappeler également l’adoption fin mai dernier par le Parlement brésilien d’un accord de coopération dans le domaine de défense, qui ouvre la voie à une coopération plus étroite dans ce domaine stratégique et témoigne surtout du niveau de confiance mutuelle.
Un mémorandum d'entente entre le Collège Royal de l'Enseignement Militaire Supérieur (CREMS) et l’Ecole supérieure de défense (ESD) du Brésil a été également signé plus tôt cette année, établissant le cadre général de coopération dans le domaine de l'enseignement militaire supérieur.
Rabat et Brasilia font montre aussi d’une ferme volonté de favoriser les échanges culturels et les flux touristiques entre les deux pays. La capitale brésilienne abrite jusqu’à septembre prochain l’un des festivals les plus emblématiques du pays. Ce rendez-vous musical haut en couleurs, qui draine environ 15000 spectateurs en moyenne chaque jour, célèbre cette année le Maroc, sa culture, son architecture et son héritage civilisationnel qui a marqué l’identité brésilienne à travers les siècles.
L’Office National Marocain du Tourisme a réaffirmé à cette occasion son ambition de tripler dans les années à venir le nombre de touristes brésiliens, actuellement à hauteur de 50000, grâce notamment à la reprise de la liaison aérienne entre le Maroc et le Brésil.
Force est de constater que les deux pays se sont donnés les moyens de franchir un nouveau palier dans leur coopération tous azimuts, conformément à la vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI en matière de diversification des partenaires du Royaume et d'une coopération sus-sud mutuellement fructueuse. Le Brésil et le Maroc ont ainsi réuni les ingrédients utiles pour développer un partenariat stratégique solide et pérenne.