Lors d'une rencontre pour présenter son avis sur "La technologie Cloud, levier pour une transformation digitale au service du développement", le Conseil a recommandé l'élaboration d'un plan d'action qui donne la priorité à la technologie Cloud et promeut son utilisation.
Le Conseil a souligné la possibilité de confier cette tâche à un comité composé des parties concernées sous la supervision du ministère délégué chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, en association avec les principaux acteurs des secteurs public et privé, en vue de fournir l'expertise nécessaire et assurer la mise en œuvre du plan d'action au niveau national.
Cet avis s'inscrit dans la continuité de la réflexion initiée par le CESE en 2021, dans le cadre d'une auto-saisine intitulée "Vers une transformation digitale responsable et inclusive", notamment la recommandation de développer des Data Centers souverains pour permettre l'hébergement et le stockage sécurisés des activités numériques stratégiques de l'État et des entreprises.
Cet avis consultatif met en relief les facteurs qui facilitent l'adoption et l'emploi de la technologie Cloud par les acteurs, l'objectif étant d'accélérer la transformation digitale au Maroc tout en assurant la souveraineté sur les données sensibles et vitales.
Dans ce contexte, l'avis, présenté par le rapporteur Abdellah Deguig, note que la mise en œuvre du plan d'action pour la promotion de l'utilisation de la technologie Cloud pourrait être confiée à l'Agence de développement du digital.
Selon lui, l'ambition affichée est d'élever le Maroc au rang d'acteur régional de référence dans les services de technologie Cloud, en particulier au niveau du continent africain, en fournissant des services développés dans le cadre de la collaboration avec les acteurs nationaux.
M. Deguig a mis l'accent, par ailleurs, sur l'importance d'encourager l'installation au Maroc d'acteurs internationaux dans le domaine de la technologie Cloud, à l'instar de l'expérience de l'offshoring, notamment à travers la mise en place de mesures incitatives (prix des services de télécommunications, confidentialité de l'information, cybersécurité, énergies renouvelables et immobilier), et le développement d'offres de fibre optique compétitives et adaptées aux besoins de ces acteurs.
À cet égard, le responsable a relevé que l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) devrait mettre en place des mesures réglementaires visant à diversifier l'offre, assurer la qualité des services et abaisser les prix.
Il a également jugé nécessaire de développer une stratégie pour l'adoption de la technologie du Cloud souverain (public et privé) pour les applications et les données vitales et sensibles, promouvoir l'utilisation de la technologie Cloud dans les nouveaux projets publics et accompagner les administrations dans la reconversion de leurs systèmes actuels vers le Cloud.
M. Dguig a, d'autre part, appelé à accompagner les très petites et moyennes entreprises (TPME) souhaitant adopter la technologie Cloud à travers une batterie de mesures incitatives, insistant sur l'impératif de promouvoir les compétences nationales dans les métiers liés à la technologie Cloud et de développer un dispositif innovant pour les entreprises émergentes pour leur donner accès à cette technologie.
Dans une allocution de circonstance, le président du Conseil, Ahmed Reda Chami, a affirmé que la technologie Cloud est un élément central dans l'accélération et la réussite de la transition numérique, qui facilite le stockage et la protection des données via des serveurs accessibles en ligne tout en permettant une réduction des coûts jusqu’à 20%.
M. Chami a souligné le rôle crucial de la technologie Cloud, grâce à ses services de mobilité intelligente et de surveillance à distance, d'accès automatique aux services et de streaming en direct, dans l'organisation réussie d'événements internationaux d'envergure.
Le président du CESE a indiqué que malgré l'existence de nombreux acteurs proposant des solutions d'hébergement de données basées sur le Cloud, l'offre nationale reste principalement orientée vers la satisfaction des besoins courants, tels que les services d'hébergement de sites, de données et d'infrastructures basiques, sans inclure l’intégralité des applications et services à haute valeur ajoutée.
Plusieurs facteurs entravent l'évolution de ce secteur, notamment la contraction du marché national due à l'ancrage insuffisant de la culture de la technologie Cloud, ainsi que les tarifs relativement élevés pour l'accès à Internet, a-t-il précisé, ajoutant qu’il est essentiel pour les acteurs du secteur de bénéficier d'une connexion haut débit via la fibre optique à des coûts compétitifs, afin de garantir des bandes passantes suffisantes permettant à leurs clients d'utiliser leurs services sans entrave et répliquer des données, facilitant l'accès depuis divers endroits géographiques.
Ces facteurs incluent également, selon M. Chami, une pénurie de ressources humaines qualifiées, exacerbée par une concurrence internationale, notamment pour attirer des compétences spécialisées de haut niveau, ainsi que le retard de l’implémentation de la classification des actifs informationnels selon leur niveau de sensibilité, comme le stipule la loi 05.20 relative à la cybersécurité.
Pour sa part, le président de la Commission permanente chargée de la société du savoir et de l’information relevant du Conseil, Ahmed Abbadi, a souligné l’importance de conjuguer les efforts et de clarifier la vision afin de favoriser l'adhésion de toutes les parties prenantes dans le chantier de transformation digitale, en parallèle avec le développement de l'intelligence artificielle, appelant à accorder une attention particulière à la formation et à la rétention des ressources humaines.
Après avoir recommandé le développement des bonnes pratiques pour stimuler cette dynamique numérique, M. Abbadi a relevé que toutes les capacités institutionnelles et législatives sont déjà en place.
Dans son avis consultatif, le CESE fait valoir que, bien que la technologie Cloud présente un potentiel significatif, son adoption au Maroc demeure "modeste", sachant que seulement 14% des acteurs en 2020 ont opté pour cette solution numérique afin de stocker leurs données. À titre comparatif, ce taux atteignait 35% en Europe occidentale et 51% dans la région Asie-Pacifique.