Lors d'une séance plénière, organisée à cette occasion, l'expert sénégalais, Birame Owens Ndiaye Spécialiste en Gouvernance, Décentralisation et Financement des collectivités territoriales, a souligné que la nouvelle politique de décentralisation au Sénégal, communément appelée Acte III de la décentralisation, s’inscrit dans l’Agenda d’opérationnalisation du Plan Sénégal Emergence "PSE" qui lui sert de cadre de référence.
En effet, explique-t-il, l’Acte III de la décentralisation, "qui est un moyen de territorialisation des trois piliers du PSE, contribue à l’atteinte des objectifs liés à la transformation structurelle de l’économie et de la croissance aux travers des initiatives locales dans tous les secteurs de l’économie, à la valorisation du capital humain par la capacitation des acteurs des filières agropastorales, piscicoles, forestières, du commerce, de
l’artisanat productif, d’art et de service", notant que l’Acte III de la décentralisation repose sur une nouvelle conception des interventions des collectivités locales, plus ambitieuse, axée sur la promotion et la relance des économies locales des différents territoires du Sénégal.
Son pari est de créer les conditions pour que chaque territoire contribue à l’atteinte des objectifs du PSE, par des projets structurants, créateurs de richesse et d’emplois, note-t-il. "Il s’agit aussi pour les territoires de mener des actions concrètes pour l’accessibilité aux services publics grâce à une gouvernance participative et efficace des affaires publiques locales mobilisant tous les acteurs autour des objectifs de développement des territoires", a ajouté M. Ndiaye, rappelant que le contenu de la réforme de la politique de décentralisation avait été dévoilé par le Chef de l’État Macky Sall le 19 mars 2013, lors du lancement officiel du processus de formulation de l’Acte 3 de la décentralisation.
A l’occasion, Macky Sall a défini l’objectif général poursuivi avec cette réforme qui est d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable , a tenu à rappeler M . Ndiaye. Il lui a aussi assigné des principes, des orientations et des objectifs fondamentaux, affirme-t-il.
L'intervenant a donné dans sa présentation un aperçu sur la vision, principes, orientations et les objectifs de l’Acte 3 de la décentralisation lesquels dit-il, visent à organiser des territoires "viables, compétitifs et porteurs de développement durable" et la territorialisation des politiques publique, la contractualisation entre l’Etat et les collectivités locales, la coopération étroite entre les élus locaux respectés aux capacités renforcées et les représentants de l’Etat réhabilités dans leur rôle d’interlocuteurs territoriaux de l’Etat , et la participation et l’inclusivité de tous les acteurs (Etat, société civile, secteur privé…).
Les orientations se déclinent comme suit: construire les dynamiques territoriales, rendre l’Etat davantage orienté vers l’équité sociale et territoriale, assurer la promotion durable des ressources des terroirs, réhabiliter la déconcentration, corollaire indispensable de la décentralisation et réhabiliter l’aménagement du territoire, a détaillé l'expert sénégalais.
Ces orientations ont comme objectifs l'ancrage de la cohérence territoriale avec une architecture administrative simplifiée, la clarification des compétences entre l’Etat et les collectivités locales, le développement de la contractualisation entre ces deux niveaux décisionnels, la modernisation de la gestion publique territoriale, avec une réforme résolue des finances locales et promotion soutenue de la qualité des ressources humaines, a-t-il indiqué.
Evoquant la nouvelle architecture territoriale issue de l’Acte III de la décentralisation, l'expert a souligné que sa mise en œuvre a démarré en juin 2014 suite aux élections locales et départementales et que la décentralisation date depuis longtemps.
Depuis la création des premières communes en 1872, le Sénégal s’est lancé depuis son indépendance dans un processus irréversible de renforcement de sa démocratie locale et sa politique de décentralisation, a-t-il signalé en passant en revue dans ce cadre l'évolution du processus de décentralisation suite aux réformes constitutionnelles entreprises au Sénégal en 1994, 2001 et 2016. Cette dernière réforme a réaffirmé la constitutionnalisation du principe de la libre administration des collectivités territoriales définies comme cadre de participation des populations á la gestion des affaires publique, a poursuivi l'expert, soulignant que la révision constitutionnelle de 2016 a érigé la déconcentration comme principe constitutionnel et a consacré la participation des Collectivités territoriales à la territorialisation des politiques publiques, à la mise en œuvre de la politique générale de l’Etat ainsi qu’à l’élaboration et au suivi des programmes de développement spécifique de leurs territoires.
Les travaux des Assises Sénégalo-Marocaines de la Décentralisation, tenues sous le parrainage du Chef de l'Etat Macky Sall, se poursuivent jusqu'à mercredi.