Pendant que se déroule la plus grande compétition sportive africaine, la Coupe d’Afrique des nations (CAN), il se joue une forme inédite de coopération internationale qui pourrait faire date, souligne e journal dans un éditorial intitulé «Côte d’Ivoire-Maroc : Quelque chose va se passer».
Voir des supporters d’un pays totalement acquis à la cause d’un autre pays compétiteur, au point de prolonger cet élan dans la vie quotidienne, laisse croire qu’une voie pourrait s’ouvrir pour écrire une nouvelle page de l’histoire des peuples. «Celle des alliances interethniques», relève l’éditorialiste Adama Koné, dans son article publié lundi sur le site web du journal local ’’Fraternité Matin’’.
«Il se passe quelque chose d’extraordinaire. Tout commence un jour, une date. Le mercredi 24 janvier 2024. Un lieu, San Pedro, au Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Un fait, la rencontre Zambie-Maroc, bouclant la phase tournoi de la compétition. Score final un but à zéro pour le Maroc», fait remarquer M. Koné.
Et d’ajouter que la victoire du Maroc qui qualifiait aussi la Côte d’Ivoire est en passe d’être la première ligne d’une nouvelle histoire qui est en train de s’écrire. Celle de l’alliance.
«Dans nos traditions, l’alliance interethnique ou la parenté à plaisanterie naît d’un fait historique marquant les peuples impliqués. Elle prend l’allure d’un pacte de non-agression, d’assistance sociale mutuelle et de coopération culturelle», rappelle-t-il.
Ce pacte est sacré, dit-il, poursuivant que «cela paraît anodin, mais il faut s’y attarder, concernant les peuples marocain et ivoirien. Jamais le football n’a suscité autant d’empathie entre deux peuples».
Les manifestations de reconnaissance de toutes sortes ont alimenté les causeries et les activités des Ivoiriens et des Marocains. «D’aucuns diront que c’est passager. Que non. Quelque chose est en train de se passer. Sans qu’on y fasse forcément attention», ajoute encore l’éditorialiste.
Il rappelle notamment dans ce sens le message des pancartes marocaines prenant fait et cause pour les Éléphants, le 24 janvier, l’arrivée spéciale de supporters marocains, ce même jour, alors que leur équipe avait déjà un pied dans les matchs à qualification directe, ou encore la manifestation de joie des Ivoiriens, à l’obtention du pénalty en faveur du Maroc, le silence observé sur toute l’étendue du territoire après le match contre l’Afrique du Sud, et le salut des Lions de l’Atlas aux Ivoiriens venus les soutenir au stade, à la fin du match, malgré la défaite.
Pour M. Koné, «la victoire des Eléphants contre les Aigles du Mali, samedi dernier, est aussi perçue comme un hommage aux Lions de l’Atlas, tombés au combat».
Au-delà des excellentes relations diplomatiques, ce sont les peuples qui donneront une autre allure aux liens entre les deux pays. Une autre forme de coopération qui part de la base, lit-on dans l’édito.
«Lors d’un passage au Maroc, il nous a été donné d’entendre, par des Ivoiriens régulièrement installés, qu’ils font l’objet, avec les ressortissants sénégalais, de considération dans l’administration marocaine», met en avant l’éditorialiste.
Et de conclure : «Il appartient aux deux communautés (marocaine et ivoirienne) de consolider ces acquis et de donner aux dirigeants un autre coup d’accélérateur diplomatique. Surtout que le visa n’existe pas entre les deux pays».