Les intervenants lors de cette rencontre sur le thème "Notre diversité, nos communs" ont insisté sur le rôle des écrivains et des artistes africains, à travers leurs œuvres littéraires et artistiques, pour la dénonciation des excès du colonialisme dans le passé et ses répercussions dans le présent, tout en affrontant les vagues d’intolérance et de haine qui touchent actuellement différentes régions du monde.
"En fait, nous sommes toujours colonisés, notre histoire est écrite par les autres. Il est temps que nous nous approprions notre espace collectif et récupérions nos archives volées", en résistant à travers le récit et l’écriture, a relevé le poète haïtien, Rodney Saint-Éloi.
Pour lui, le récit "constitue une sorte de résistance contre le système de manipulation et de mensonge qui veut s’imposer au monde, et un moyen de cultiver l’espoir pour s'assurer, nous les Africains, une meilleure place dans l’avenir".
Même son de cloche chez l’écrivain et journaliste marocain établi aux Pays-Bas, Abdelkader Benali, qui a mis l'accent sur la montée en puissance de l’extrême droite dans le monde d'aujourd’hui, en particulier dans les pays occidentaux, insistant sur le devoir des écrivains africains de défendre leurs identités avec discrétion et d’être fiers de leurs racines.
À cet égard, Benali a souligné la nécessité d’établir une "réconciliation sérieuse" entre l’Europe et l’Afrique en s’appuyant sur l’histoire et les archives partagées, relevant, d’autre part, l’importance de la littérature comme étant "notre mémoire commune et notre moyen de plaisir et d'expression de l’unité".
D'après la romancière franco-ivoirienne Véronique Tadjo, le monde d'aujourd’hui est rempli d’incitations à l’intolérance. "Notre pari est de consacrer l’importance de l’écoute de l’Autre, en promouvant l'image et les contributions des migrants dans leurs pays d’accueil, plutôt que de les rejeter", a-t-elle dit, tout en reconnaissant le fardeau de la mémoire collective africaine, accablée par l’héritage du colonialisme et les histoires de génocide, sur la mémoire personnelle, qui a du mal à s’exprimer.
De son côté, l'écrivaine jamaïcaine basée au Niger, Antoinette Tidjani Alou, a estimé que "l’histoire coloniale ne se réfère pas seulement à la domination de l’homme blanc sur l’homme noir, mais aussi sur l’homme blanc".
"Nous avons besoin de respirer à travers les pages des livres, des photographies et des peintures pour s'ouvrir sur le monde, et d'assurer la responsabilité de transmettre notre histoire à nos enfants", a-t-elle dit.
Véritable rendez-vous rassemblant des écrivains, des penseurs et des intellectuels d’Afrique, de ses diasporas et de ses descendants, le FLAM a été fondé par Mahi Binebine (écrivain et artiste plasticien), Fatimata Wane-Sagna (journaliste), Hanane Essaydi (universitaire) et Younès Ajarraï (entrepreneur culturel).
Porté par l’association "We Art africains", le FLAM se veut une célébration éloquente de la littérature et de la culture africaines.
Ouvert à tous les publics et à tous les âges, ce festival qui se poursuit jusqu’au 11 février dans la Cité ocre, est à accès gratuit, dans tous les sites d’accueil. La finalité étant de rapprocher la culture et l’art aussi bien des passionnés que de ceux qui s’en sentent éloignés.