À travers les romans "Évocation d’un mémorial à Venise" de l'écrivain marocain Khalid Lyamlahi et "Mur Méditerranée" du romancier haïtien Louis-Philippe Dalembert, le public du festival s'est retrouvé face à deux œuvres littéraires qui retracent le parcours périlleux des migrants risquant leur vie en traversant la mer pour atteindre l'autre rive de la Méditerranée, à la recherche d'un avenir qu'ils espèrent plus radieux, mais qui ne se réalise pas nécessairement.
C'est le cas du héros du roman de Khalid Lyamlahi, qui relate l'histoire vraie d'un jeune gambien nommé Pateh Sabally, ayant tragiquement mis fin à ses jours en Italie en se jetant dans un canal de la ville de Venise en 2017, après avoir été accablé par le désespoir.
Dans une déclaration à la MAP, l'auteur a relevé que cet événement tragique qui a suscité chez lui beaucoup de tristesse l'a également amené à réfléchir à la manière dont il pourrait contribuer à dénoncer ce qui arrive aux migrants irréguliers en Europe.
L'écriture était le seul moyen de parvenir à cet objectif, a expliqué Lyamlahi transformant son roman en un hommage à la mémoire du jeune Sabally et en un cri de protestation contre le sort réservé à de nombreux migrants africains en Occident, où leur dignité et leur humanité sont bafouées.
De son côté, le roman de l'écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert, "Mur Méditerranée", explore le parcours de trois femmes issues de deux pays africains et d'un pays du Moyen-Orient, qui ont des croyances religieuses différentes mais que le sort réunit en Libye. De là, elles partent des côtes libyennes dans une traversée maritime périlleuse vers l'île de Lampedusa de l'autre côté du monde, chacune ayant fui son pays pour une raison particulière.
Pour l’écrivain, le récit de la traite des esclaves se poursuit sous diverses formes à notre époque. Que ce soit pour fuir la dictature, la guerre civile ou les conséquences du changement climatique, le message du roman tourne autour de la lutte pour survivre dans une bataille perpétuelle pour la dignité humaine, a précisé M. Dalembert.
Le bateau qui réunit les héroïnes du roman avec d'autres migrants irréguliers indique que "notre lutte est commune malgré nos différences de contexte et de religion", a-t-il détaillé, insistant sur la nécessité de "protéger le bateau qui nous rassemble, car s'il se brise, nous sombrerons tous ensemble".
Porté par l’association "We Art africains", le FLAM, qui se poursuit jusqu'au 11 février, vise à célébrer la littérature et la culture africaines, offrant l’occasion aux publics de tous âges, de prendre part à l'événement et d’accéder gratuitement à l'ensemble des sites d’accueil, en vue de rapprocher la culture et l’art au public.
Pour cette deuxième édition, la programmation propose des thématiques reflétant l’actualité scientifique et éditoriale de l’Afrique et consacre une place particulière à la réactivation et à la consolidation des mémoires et des liens qui unissent tous les Africains partout où ils se trouvent. Des œuvres musicales et des lectures poétiques figurent également au menu.
Le festival connaît la présence de plusieurs figures de la littérature africaine, tels que José-Eduardo Agualusa (Angola), Leïla Bahsaïn (Maroc), Souleymane Bachir Diagne (Sénégal), Ali Benmakhlouf (Maroc), Sophie Bessis (Tunisie), Siham Bouhlal (Maroc), Yasmine Chami (Maroc), Touhfat Mouhtare (Comores), Fanta Dramé (Mauritanie) Wilfried N’Sondé (République du Congo), Saad Khiari (Algérie) et Mia Couto (Mozambique).