Intervenant lors d'un panel sur le thème, le magistrat-chef du service de la coopération internationale au sein de l'Institut supérieur de la Magistrature, Samir El Ghalmi, a passé en revue les différents aspects juridiques, législatifs et réglementaires pour une bonne gouvernance de l'usage de l'IA.
"La bonne gouvernance de l'IA passe nécessairement par la mise en place d'une loi-cadre régissant les aspects liés à l’utilisation efficace et efficiente de l'IA selon les normes internationales", a-t-il dit, notant que cette loi devrait aider le magistrat à déterminer les responsabilités civiles et pénales, d'autant plus qu'il est "le garant des libertés et des droits de l'Homme".
M. El Ghalmi a, par ailleurs, mis l'accent sur la formation initiale et continue, voire spécialisée, des magistrats, des avocats, ainsi que d'autres auxiliaires de la justice pour accompagner cette nouvelle technologie, et ce pour statuer sur des conflits résultant de l'usage de l'IA, plaidant pour des évaluations périodiques de toutes les actions menées dans le cadre de l'usage de l'IA (lois, stratégies...), y compris la jurisprudence en la matière.
Et le magistrat d'ajouter qu'il serait utile de publier des arrêts de justice traitant des affaires de l'IA en vue de faciliter l’accès à l’information pour toutes les parties prenantes à même de partager les bonnes pratiques judiciaires en la matière.
Jean Aloise Ndiaye, juge à la cour suprême du Sénégal a, quant à lui, souligné que l'’utilisation des techniques d’intelligence artificielle (IA) dans la justice est un sujet de débat à l'échelle mondiale, notant que l'IA offre des opportunités sans précédent permettant de juguler les maux de la justice, notamment au niveau du continent africain qui souffre de plusieurs lacunes et de défaillances.
L'IA peut procurer une aide sans équivalent aux juges, avocats et autres professionnels de la justice, dans leurs travaux de recherches, de traitement des faits et d'analyse des incidents de procédure, a-t-il relevé.
Dans ce cadre, il a appelé à mener des actions concrètes et à intégrer ces techniques dans le domaine judiciaire, permettant ainsi au citoyen africain d'accéder à la justice via l'Intelligence artificielle, d'éviter la lourdeur des procédures et de rapprocher les services de justice.
Initié par le Centre international d'intelligence artificielle du Maroc "AI Movement" relevant de l'UM6P, en partenariat avec l'Unesco, ce conclave de trois jours connaît la participation des représentants de plus de 30 pays, dont une quinzaine de pays africains, dans l'objectif de poser les jalons d’une stratégie africaine dédiée à l’IA.
La première journée de ce Forum a été marquée par l'officialisation du lancement à Rabat, du premier Centre IA de catégorie II en Afrique qui représente un pas décisif vers l'intégration de l'IA dans les stratégies de développement du continent.