Prenant part à une conférence internationale, organisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et l'Agence nationale pour le développement des Zones oasiennes et de l'Arganier (ANDZOA) sous le thème "Enracinés dans la résilience : Découvrir l'importance du sol dans le développement durable", ces experts ont exploré les voies et stratégies à mettre en œuvre pour lutter contre la désertification et améliorer la résilience des sols face à la sécheresse et aux inondations.
Les intervenants ont, dans ce sens, mis l'accent sur le nexus entre sols, biodiversité, et gestion des paysages et de l’eau, soulignant la corrélation étroite entre la préservation des sols et le développement durable.
Pour le chercheur émérite à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Rachid Moussadek, la préservation des sols sains permet de répondre et de remédier aux défis liés au changement climatique.
"Pour faire face aux défis qui planent sur la région MENA comme le changement climatique, des solutions sont désormais disponibles pour promouvoir la santé des sols", a-t-il expliqué dans une présentation intitulée "La santé des sols face au changement climatique mondial - défis et opportunités", en proposant des solutions adaptées en matière d’augmentation du taux de la matière organique, de sauvegarde des eaux souterraines, et d'amélioration de la biodiversité.
M. Moussadek, également chercheur au Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) a, à cet égard, mis l'accent sur certaines pratiques agroécologiques qui nécessitent d'être promues et partagées, mettant en exergue "le programme visant à promouvoir l'agriculture de conservation sur un million d'hectares, en plus d'autres projets dédiés aux zones oasiennes pour faire face au changement climatique au Maroc".
L'expert marocain a passé en revue, à ce propos, des initiatives entreprises par le Maroc en faveur du continent africain dans ce domaine, citant l'initiative pour l'Adaptation de l'Agriculture Africaine (AAA) aux changements climatiques, ainsi que la carte de fertilité des sols qui a été mise en place par le ministère de l'Agriculture, en collaboration avec le groupe OCP et l'INRA, laquelle a été partagée avec une vingtaine de pays africains dans le cadre de la coopération Sud-Sud prônée par SM le Roi Mohammed VI.
Ces initiatives, a-t-il enchaîné, sont à même de renforcer la résilience des pays africains aux aléas climatiques et d'échanger les bonnes pratiques en matière de gestion des sols.
Abondant dans le même sens, Liette Vasseur, Chaire UNESCO sur la viabilité des communautés (Université Brock, Canada), a affirmé que la protection des sols passe nécessairement par la sensibilisation et l'éducation, mais aussi par la promotion de la recherche, soulignant l’importance d’impliquer davantage les communautés locales et les sensibiliser à la question de la gestion de leurs sols.
Mme Vasseur a fait observer que les enjeux en Afrique sont importants, au regard notamment de la réduction des précipitations et de son impact sur la santé des sols et du couvert végétal qui joue un rôle important dans la lutte contre l'érosion.
Pour sa part, Helena Freitas, professeure de biodiversité et d'écologie à l'Université de Coimbra au Portugal, a insisté sur l’importance de veiller à la bonne santé des sols et de prévenir leur dégradation, afin de préserver des écosystèmes vivants.
Mme Freitas, qui est également titulaire de la Chaire UNESCO en Biodiversité, a, dans ce sens, plaidé pour "une initiative aussi forte que possible" sur la préservation et la réhabilitation des sols “parce que le monde en a besoin”. “Nous avons besoin de sols pour disposer d’écosystèmes productifs et vivants, et pour prévenir la perte d'eau, notamment dans les pays confrontés à la sécheresse”, a-t-elle enchaîné.
De son côté, Natalia Rodriguez Eugenio, chargée des terres et des eaux à l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a estimé qu'il existe différents moyens pour protéger les sols, notamment la sensibilisation de toute la société, des enfants aux agriculteurs et aux décideurs politiques, sur l'importance des sols.
Une fois cette connaissance et cette compréhension acquises, l’action doit être orientée vers la protection des sols par des pratiques agricoles qui ne les dégradent pas, et par des législations qui encouragent ces bonnes pratiques, a-t-elle relevé, insistant sur la nécessité de promouvoir la consommation de produits issus de modes de production durables.
La protection des sols doit procéder d'une action complète et holistique menée par l’ensemble des acteurs, a-t-elle ajouté.