Cette rencontre de communication, marquée par des échanges entre conservateurs, acteurs culturels, élus locaux et représentants de la société civile, a permis de mettre en lumière les enjeux liés à la préservation de l'héritage culturel de la Cité des Alizés, tout en apportant un éclairage sur les initiatives des institutions publiques et de la société civile afin de protéger et de valoriser ce patrimoine unique.
Ouvrant le débat, Ahmed Harrouz, coordinateur des activités de l'Association Essaouira-Mogador, a souligné que la sauvegarde du patrimoine n’est pas uniquement l’affaire des autorités, mais aussi de l’ensemble des citoyens, qui doivent être conscients de l’héritage inestimable que représente Essaouira.
"Le patrimoine culturel, qu'il soit matériel ou immatériel, est une richesse collective qui transcende les générations. Sa préservation est essentielle pour la continuité de l'identité et de l'histoire de notre ville", a-t-il affirmé.
De son côté, Mehdi Sehasseh, conservateur de l'ancienne médina d'Essaouira a présenté un bilan des initiatives de conservation menées sous l'égide du Département de la Culture, précisant que la préservation du patrimoine englobe à la fois la protection des édifices historiques, la réhabilitation des infrastructures et la promotion des manifestations culturelles et artistiques.
Parmi les projets de réaménagement entrepris à l'effet d'assurer la protection du patrimoine de la Cité des Alizés, il a mentionné la restauration de l’ancien consulat allemand, la réhabilitation de "Dar Sultan" à Diabet, la création d’un musée de thé, ainsi que la restauration du musée Sidi Mohammed Ben-Abdellah, entre autres réalisations majeures.
M. Sehasseh a également détaillé les démarches juridiques mises en place pour la préservation du patrimoine, évoquant à cet égard l'élaboration d'un inventaire exhaustif des biens culturels, tout en rappelant l'importance des cadres législatifs nationaux et internationaux, en particulier les lois 22-80 et 19-05, qui structurent ces actions de protection.
Pour sa part, Fatima Zohra Ben Ichou, conservatrice du musée Sidi Mohammed Ben-Abdellah, l'une des institutions les plus anciennes du Royaume, a mis en avant le rôle central de cet établissement dans la mise en valeur et la préservation du patrimoine culturel de la Cité des Alizés.
Elle a, dans la foulée, souligné l'importance stratégique du marketing culturel pour renforcer la visibilité et la valorisation de ce patrimoine, permettant ainsi de le faire connaître à un public plus large.
Mme Ben Ichou a, en outre, plaidé pour une implication citoyenne plus active dans la protection du patrimoine, insistant sur la nécessité d'une conscience collective partagée.
Dans une perspective complémentaire, Ghita Rabouli, directrice de Bayt Dakira, a mis en évidence la profonde symbolique de cet espace emblématique de mémoire et de coexistence, qu'elle décrit comme "un reflet des valeurs de vivre ensemble et de partage, au cœur même de l'identité d'Essaouira".
De plus, elle a évoqué l'importance cruciale des institutions culturelles locales dans la transmission intergénérationnelle du patrimoine, garantissant ainsi la continuité et la pérennité de la culture souirie.
Prenant la parole à son tour, Hamza Jarti, musicien et président de l'association Al-Anouar Al-Mohammadia, a enrichi les échanges en mettant l'accent sur l'aspect immatériel du patrimoine, notamment à travers la musique spirituelle et les traditions orales.
Dans ce sillage, il a plaidé pour l'innovation comme levier essentiel de la préservation de ces arts ancestraux, en insistant sur l'importance d'intégrer les nouvelles technologies afin de moderniser ces pratiques tout en préservant leur authenticité.
Hicham Elkawtar, membre du Conseil communal d'Essaouira, a, quant à lui, estimé que la préservation du patrimoine ne peut être assurée sans une coopération étroite entre les collectivités locales, les institutions culturelles, les associations et le secteur privé.
"Il est essentiel d’instaurer un dialogue permanent et constructif entre tous les acteurs concernés pour réussir une gestion pérenne du patrimoine", a-t-il affirmé, ajoutant que cette synergie est cruciale pour relever les défis liés à la préservation de l'identité culturelle d'Essaouira.
M. Elkawtar a enfin appelé à intensifier les actions de sensibilisation auprès des citoyens, en particulier des jeunes, afin de les impliquer davantage dans la protection et la transmission de cet héritage exceptionnel, qui constitue une source de fierté et d’attractivité pour la Cité des Alizés.
Placée sous le thème "Les initiatives des institutions publiques et la société civile pour la sauvegarde et la protection du patrimoine matériel et immatériel à Essaouira", cette rencontre a ainsi permis de croiser les regards et de dégager des pistes concrètes pour une meilleure préservation du patrimoine d'Essaouira, tout en soulignant l'importance de l'engagement collectif pour protéger cet héritage inestimable.