‘’Les autorités que nous avons remplacées ont menti au pays et aux partenaires en […] fournissant des données erronées’’, a déclaré M. Sonko lors d’un point de presse jeudi soir à Dakar, en présence de membres du gouvernement.
M. Sonko a accusé l'ancien pouvoir d'avoir "tripatouillé les données pour donner une image économique, financière et budgétaire qui n’avait rien à avoir avec la réalité. "C’est d’une extrême gravité’’, a-t-il dit.
Selon lui, le déficit budgétaire était de 10, 4 pc du produit intérieur brut PIB durant la période 2019-2023, alors qu’il a été présenté à 5,5 pc du PIB. "Nous étions loin de nous imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques", a-t-il expliqué.
Ousmane Sonko a fait état notamment de ‘’600 milliards de francs CFA qui auraient dû être dépensés à partir du 1er janvier 2024’’. ‘’Mais le régime sortant les a dépensés avant notre arrivée au pouvoir (en mars 2024), c’est-à-dire pour l’exercice 2023, ce qui est extrêmement grave […] Au moment où je vous parle, nous ne trouvons aucune trace de l’utilisation de ces fonds’’, a ajouté Sonko, nommé Premier ministre le 5 avril après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle du 24 mars 2024.
"Nous avons l’obligation de dresser l’état des lieux de la situation que notre régime a héritée", a-t-il tenu à préciser, tout en promettant des enquêtes sur la "corruption généralisée".
Pour sa part, le ministre de l’Économie et du Plan sénégalais, Abdourahmane Sarr, a évoqué une situation financière bien plus préoccupante qu’annoncée précédemment, avec un déficit et une dette publique largement sous-estimés.
Le ministre a présenté lors de cette rencontre avec la presse un rapport sur l’état des finances publiques du pays, dévoilant un tableau beaucoup plus sombre que celui communiqué jusqu’ici. Le rapport met en lumière des écarts significatifs entre les chiffres annoncés et la réalité économique du Sénégal.
Pour sa part, le ministre de la justice, Ousmane Diagne, a indiqué qué les faits découlant de ce rapport "sont d’une gravité certaine et semblent revêtir une qualification pénale, que les autorités judiciaires compétentes saisies vont devoir déterminer au moyen d’investigations qu’elles jugeront appropriées".
‘’Il est vrai qu’il ne m’appartient pas […] de juger de l’effectivité des faits. Il appartiendra aux autorités judiciaires et policières de les déterminer. C’est leur travail. Ce que je peux dire, c’est que ce sera fait avec le maximum de rigueur, de transparence et sous réserve des règles du principe de la présomption d’innocence’’, a ajouté le ministre de la justice.
Selon le gouvernement, ce point de presse, le premier du gouvernement Sonko, servira de prélude au lancement officiel, le 7 octobre 2024, de l'Agenda national de Transformation, un plan stratégique d'opérationnalisation du programme du Président Bassirou Diomaye Faye, destiné à transformer durablement l'économie sénégalaise.