Placé sous la direction de Abdellah Saaf, Senior Fellow du PCNS, cet ouvrage de 259 pages regroupe 14 articles scientifiques en rapport avec la thématique du livre, produits par 17 auteurs, explorant la relation entre les établissement et entreprises publics (EEP) et la réforme de l'Etat, la redéfinition des rôles entre les politiques publiques et la régulation et les acteurs politiques.
S'exprimant à cette occasion, le ministre de l'Inclusion Économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, a salué la diversité des perspectives apportées par les chercheurs de l'ouvrage.
Pour lui, ces réflexions sur le sujet des EEP, bien qu'ancrées dans une base théorique, sont également destinées à servir des réalités concrètes.
Le ministre a ainsi abordé la question des différences de référentiels dans la prise de décision entre les entreprises publiques et privées d'une part, et la décision publique d'autre part, ajoutant que cette divergence peut créer des tensions apparentes, comme dans le cas de projets d'infrastructure impliquant des expropriations.
M. Sekkouri a aussi fait remarquer que d'un côté, les gestionnaires d'entreprises publiques, en quête de performance, basent leurs décisions sur des études de rentabilité et de mobilité, et de l'autre, les élus locaux, soumis à des impératifs politiques et sociaux, peuvent avoir des priorités différentes, comme la préservation du tissu social et des territoires concernés.
"Cette disparité de référentiels rend parfois difficile l'alignement des décisions, notamment lorsque les intérêts des collectivités locales et des entreprises publiques divergent", a-t-il relevé.
De son côté, M. Saaf a indiqué que ce sujet a été peu exploré au cours des dernières décennies, avec seulement quelques rares travaux de référence. Cette rareté, a-t-il soutenu, s'explique en partie par le fait que le domaine des EEP est souvent perçu comme un espace dominé par une certaine forme de souveraineté, rendant son accès difficile aux chercheurs.
Au cœur de l'ouvrage se trouve l'idée que les EEP incarnent une autre forme de l'Etat, se distinguant par une plus grande souplesse que l'Etat traditionnel, a souligné M. Saaf, ajoutant que ces entités s'inspirent en partie des règles de gouvernance du secteur privé, tout en s'efforçant de maintenir des équilibres essentiels à leur bon fonctionnement.
Pour sa part, Karim El Aynaoui, président exécutif de PCNS, a expliqué qu'à travers l'histoire, ces EEP ont souvent été sous-estimées, notamment à une époque marquée par le consensus de Washington, qui prônait un rôle réduit de l'Etat.
Et de poursuivre : "Toutefois, les EEP ont contribué au développement du pays de différentes manières, que ce soit dans le secteur de l'ingénierie, de l'infrastructure ou à travers des institutions éducatives".
M. El Aynaoui a également insisté sur l'importance d'une gestion patrimoniale de l'Etat, tournée vers la solvabilité à long terme plutôt que la liquidité à court terme, mettant en avant l'idée que la régulation et la mise en concurrence des EEP opérant dans des secteurs de monopole naturel sont essentielles pour assurer leur efficacité.
Cet ouvrage collectif s'interroge sur l'évolution des EEP dans le cadre de la réforme de l'Etat, en questionnant leur rôle dans les politiques de développement économique et social, ainsi que dans l'élaboration, la planification, l'exécution et l'évaluation des politiques publiques.