1. Quel bilan faîtes-vous de l’élan de solidarité engendré par la pandémie du Covid-19, aux niveaux national et mondial?
L’être humain exprime ses sentiments en fonction des situations et circonstances psychosociales dans lesquelles il se trouve. Après que le mondialisation ait produit un individualisme qui a poussé l’humanité vers la consommation et l’envie de satisfaire ses envies et penchants personnels, la pandémie du Covid-19 a imposé une situation ancienne/nouvelle, qui consiste en un retour à la pensée collective, lequel se manifeste essentiellement par la solidarité et la renonciation à certains privilèges individuels dans le but de préserver la vie publique, tout en emboîtant le pas aux institutions et personnalités officielles pour tendre la main aux plus vulnérables, dans un élan de sympathie ou de devoir religieux.
2. Quels commentaires faîtes-vous de la réaction des citoyens à cette crise sur les réseaux sociaux, notamment à travers la diffusion de rumeurs et de vidéos mensongères?
Il est tout à fait naturel qu’une certaine anxiété prévale face à une crise similaire à celle du coronavirus. Pour que les citoyens s’y adaptent, il est nécessaire de les préparer au changement, chose qu’ils commencent à accepter après le passage de la société marocaine, tout au long de ces deux dernières semaines, par un ensemble d’étapes:
Une première étape caractérisée par le rejet, exprimé par des protestations implicites, à travers la diffusion de blagues, de rumeurs, de montages vidéos et d’autres supports qui reflétaient, à l’origine, le rejet de cette nouvelle situation.
Une deuxième étape équivalente à une tentative de compréhension et de collecte d’informations, malheureusement mêlée à la propagation de rumeurs et de fausses informations.
Une troisième étape, celle de l’acceptation, qui s’est accompagnée d’une recherche d’informations fiables, dans le but d’expliquer la situation de manière scientifique et de s’orienter sur la question.
Une quatrième étape caractérisée par une prise de conscience de ce qui se passe autour et enfin, une cinquième étape d’adaptation qui se fait de façon graduelle. En effet, après la suspension des cours et la limitation des sorties, nous sommes passés à un état d’urgence sanitaire.
3. De quel œil voyez-vous la réponse des citoyens et citoyennes aux mesures de préventions mises en place par les autorités pour limiter la propagation du virus?
Les citoyens ont besoin de temps pour s'adapter à la situation actuelle. L’être humain a une grande capacité d'adaptation à différentes circonstances et expériences. Il est passé, à travers l’histoire, par de nombreuses expériences, aussi dures les unes que les autres et à réussi, à chaque fois, à les dépasser.
Ceci est dû à deux capacités, la première étant sa capacité à raisonner et la deuxième, le recourt à la raison via l'intelligence cognitive et émotionnelle.
Toutefois, investir ces deux capacités n’est pas à la portée de tous. Si la majorité réagit, des groupes sociaux continuent à céder à la peur, à l’égoïsme et au rattachement à la pensée superstitieuse dans l’appréhension de cette pandémie, forçant ainsi les services de sécurités à intervenir dans l’objectif de prendre des mesures pour inciter les gens à rester chez eux, et le gouvernement à adopter des sanctions, des peines de prison et amendes, à l’encontre de ceux et celles qui violeront les lois mises en place.
4. L’on constate, dans ce cadre, que seul un très petit groupe n’a pas respecté les procédures, exprimant son dédain face à la gravité de l’épidémie. Comment sensibiliser ces gens-là sur les plans éducatif et social?
La sensibilisation commence par un rappel sur le fait que leur sûreté est tributaire de la sûreté de la société et que, si le fait d'apporter le virus au sein du domicile est, en soi, un acte d'indifférence et d'insouciance, il constitue en réalité un crime contre leur personne, celle de leurs proches et la société. Il faut ensuite œuvrer à leur faire prendre conscience de tout ce qui fait la vie de famille, afin de garantir la sécurité du pays, renforcer la compassion entre ses membres et raviver nos traditions de solidarité et de coopération collective.
5. A votre avis, cette crise pourrait-elle instaurer une conscience sociale, notamment en matière de solidarité effective, d’ordre et de discipline dont ont fait preuve les citoyens dans le cadre de la prévention contre cette pandémie?
Nous espérons tous que ces manifestations de coopération et de discipline se poursuivront après la fin de la pandémie. Beaucoup sont les nations que les crises ont rendues plus harmonieuses et fortes, mais il est nécessaire ici de consulter les intellectuels, les scientifiques et les organes de l’Etat pour investir cet esprit positif et restaurer la confiance dans les capacités du Maroc, en particulier humaines.