Pour empêcher la maladie de prendre plus d’ampleur, de nombreuses mesures ont été prises dont la dernière en date est l’état d’urgence décrétée lundi par le président Macky Sall, assorti d’un couvre-feu de 20h à 06 dès mardi à minuit.
Si la question de savoir si le coronavirus peut circuler en suspension dans l'air semble intriguer les scientifiques, il est établi que la maladie se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique avec les personnes malades ou des objets infectés.
Or, c’est ce point qui hante les autorités sanitaires du pays qui ont pris des mesures, tout azimuts et à contrecœur, afin d’endiguer la propagation de cette pandémie.
Samedi dernier, et pour la première fois depuis l’apparition du premier cas positif au covid-19 au Sénégal, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, annonçait des cas de transmission communautaire du coronavirus au Sénégal.
Deux jours plus tard, il a renseigné que sur les 12 nouveaux cas, déclarés le même jour (lundi), quatre sont issus de la transmission communautaire.
"Au-delà des cas importés, des cas contacts et des cas de transmission communautaire, il y a une circulation du virus (…) et il faut absolument prendre les choses à bras-le-corps", avait souligné Abdoulaye Diouf Sarr.
Selon Pr Daouda Ndiaye, chef du service de parasitologie et de mycologie de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD), "la transmission communautaire se produit lorsqu’une personne contracte le virus sans qu’on ne sache la source de contamination".
"Lorsque la source de contamination devient absolument impossible à identifier et qu’on ne sache pas qui a contaminé ce sujet, toutes les personnes vivant dans son environnement sont sujettes à un potentiel risque de transmission du virus contracté par cette personne infectée", a expliqué M. Ndiaye, expert en génomique, par ailleurs Directeur du Centre Africain d’Excellence sur la Génomique et les agents Infectieux à l’UCAD.
La transmission communautaire se fait entre des personnes d’une même communauté et qui n’ont jamais voyagé et n’ayant jamais été en contact avec une personne connue atteinte par le virus, a-t-il précisé.
"Quand on arrive à ce stade, il faut dire que la situation est très sérieuse. On est aujourd'hui dans un pays où la confirmation de cas et la contamination peuvent se faire en tout moment. Il faut noter que des personnes peuvent être infectées sans pour autant être entre les mailles des personnes suspectes", a-t-il indiqué.
Dans la perspective de parer au plus pressé, les autorités étatiques ont pris une batterie de mesures visant à contenir l'avancée du virus, dont la fermeture des frontières, des mosquées, des écoles, de l’espace aérien, ou encore la limitation des transports urbains et inter-urbains.
A ce sujet, le ministre sénégalais des Transports terrestres, des Infrastructures et du Désenclavement, Oumar Youm a assuré que l’embarquement des passagers dans les bus, minibus, et autocars se fera dans le respect des places assises qui seront distribuées en tenant compte d’une distance d’au moins un mètre entre chaque passager, outre l’obligation pour les passagers et le conducteurs de porter des masques et des gants.
Et pour donner le la à ses concitoyens, le président Macky Sall a relevé, la semaine écoulée, le défi que lui a lancé son homologue rwandais dans le cadre des spots destinés à lutter contre le Coronavirus.
Dans un message diffusé par la Radiodiffusion télévision du Sénégal (RTS, publique), le président Macky Sall dit avoir ainsi "accepté le défi" de son homologue rwandais Paul Kagamé en montrant aux Sénégalais comment procéder au lavage des mains.
Le chef de l’Etat rwandais a partagé sur Twitter une vidéo le montrant en train de se laver les mains dans le cadre de la campagne #Safehands (mains saines), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), destinée à prévenir la propagation du Coronavirus.
"Cher président @PaulKagame, j’accepte le défi et encourage tous les Sénégalais et tous les pays contaminés à faire de même contre # COVID19 #SafeHands Et vous ?", a tweeté en anglais le président Macky Sall.
En définitive, ces mesures audacieuses et difficiles prises par les autorités sénégalaises pour freiner la maladie, parient, en premier lieu, sur l’implication et le sens de responsabilité des citoyens pour ne pas voir les efforts consentis tourner en eau de boudin.
Le Sénégal compte, jusqu'aujourd'hui, 105 cas positifs au coronavirus, dont neuf personnes ont été déclarées guéries.