Au Maroc plusieurs mesures préventives ont été prises. Un état d'urgence sanitaire a été décrété pour enrayer la propagation du Covid-19 en élevant le niveau d'alerte et en renforçant les infrastructures sanitaires, le tout pour riposter convenablement à toute éventualité.
Face à cette situation exceptionnelle que vit le Royaume, à l'instar des pays du monde, une pénurie a été enregistrée au sein des banques de sang relevant des centres de transfusion sanguine, en raison de la diminution du nombre de donneurs et de leur crainte de pouvoir attraper une infection du Covid-19 durant le processus de la collecte.
Par conséquent, ces centres ont tiré la sonnette d'alarme et mis en garde contre les graves retombées de ce déficit sur la survie de nombreux malades dont la vie dépend de la disponibilité des poches de sang.
"Le centre a besoin de 800 donneurs par jour, pour combler le déficit enregistré au niveau du sang, et certaines conditions pathologiques nécessitent un traitement avec des plaquettes sanguines dont l'absence mettrait en danger la vie des patients", a affirmé le Directeur du Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie (CNTSH) à Rabat, Mohamed Benajiba.
Dans une déclaration à la MAP, il a estimé qu'il ne faut pas s'abstenir de donner du sang, particulièrement, pendant cette période sensible, compte tenu du besoin prononcé en cette substance vitale, tout en soulignant la nécessité de se conformer à toutes les mesures prises par les autorités, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, pour limiter la propagation du Covid-19.
M. Benajiba a appelé, surtout, les personnes disposant d’une autorisation exceptionnelle de déplacement, à consacrer un peu de leur temps pour rejoindre le centre le plus proche de transfusion sanguine.
"Les CTS disposent de tous les moyens nécessaires pour garantir la sécurité des donateurs, a-t-il tenu à rassurer, ajoutant qu'ils sont soumis à des opérations de désinfection avant et après le processus du don.
Les CTS, poursuit-il, fournissent des bavettes aux donateurs et veillent au respect de la distance de sécurité -au moins un mètre-, et ce pour éviter toute éventuelle infection lors du processus de collecte, qu'il s'agisse d'un virus ou de toute autre maladie.
Pour sa part, la Directrice adjointe du Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie (CNTSH) à Rabat, Khadija Lahjouji, a souligné que cette conjoncture difficile est une occasion pour rappeler l'importance du don de sang pour sauver la vie de nombreuses personnes qui en ont le plus besoin, telles que les patients atteints du cancer, de la thalassémie et d'autres maladies hématologiques, en plus de celles victimes des hémorragies durant les accouchements, ou qui sont victimes d'accidents de la circulation.
Cette action humanitaire, a-t-elle fait savoir, ne devrait pas être saisonnière, mais permanente et régulière, exhortant tous les citoyens à faire preuve de responsabilité envers ce "devoir national".
À cet égard, Mme Lahjouji a fait observer que la contribution du personnel de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), ainsi que d'autres citoyens dans certaines régions du Royaume, a permis d'augmenter les stocks en sang au niveau du CNTSH, pour atteindre 5207 unités de globules rouges et 882 unités pour les plaquettes sanguines, en plus des dons de 2473 citoyens, vendredi dernier.
"Ceci met en évidence cet élan de solidarité et de citoyenneté dont ont fait preuve toutes les catégories de la société marocaine en cette situation délicate", a-t-elle salué.
À son tour, le chercheur dans le domaine de la transfusion sanguine , Raouf Alami, a précisé que dans le cadre de la gestion des poches de sang des donneurs, le CNTSH travaille sur l'analyse des échantillons et la confirmation de leur qualité, pour ensuite les séparer en trois composantes de base qui vont être conservées à des températures adaptées à chacune.
Les plaquettes sanguines sont stockées pendant 5 jours à une température comprise entre 20 et 24 degrés Celsius, et les globules rouges pendant 42 jours entre deux degrés et 6 degrés Celsius. Quant au plasma, il est conservé pendant un an à un an et demi à une température de moins de 30 degrés, a-t-il expliqué, invitant tout le monde à "donner" cette matière vitale.
Célébrée le 30 mars de chaque année, la journée maghrébine du don de sang a été lancée en mai 2006 lors de la réunion de la Commission maghrébine chargée des médicaments, dispositifs médicaux et autres laboratoires d'analyses et de transfusion sanguine.
Cette journée Maghrébine, qui coïncide cette année avec la situation sanitaire difficile qui prévaut dans les pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) en raison de la pandémie du Covid-19, sera une occasion importante pour concrétiser la coopération entre les pays de l'UMA dans ce domaine, et consolider la culture du don de sang chez les Maghrébins.