Trains à grande vitesse, navires, avions et hélicoptères militaires pour le transfert des patients entre les régions françaises ou pour les évacuations vers des pays voisins, réquisitions de personnel soignant et des réservistes, la France n'a pas hésité à faire sortir l'artillerie lourde pour relever le défi de vaincre le Covid-19.
Le gouvernement, critiqué par certains milieux pour son supposé retard dans la prise de mesures urgentes face à la pandémie, s'est montré déterminé et en appelle à la mobilisation de tous et de tous les moyens possibles, sans lésiner sur les ressources, notamment à travers un plan de soutien de 45 milliards d'euros au profit des entreprises et des salariés pour atténuer l'impact du coronavirus sur l'économie française.
Mais comme l'épidémie n'affecte pas que l'économie, le secteur sanitaire, en première ligne de cette guerre, en accuse de plein fouet l'impact dévastateur avec une accélération spectaculaire du nombre de contamination et de décès dus au virus, devant des moyens qui demeurent insuffisants face à l'ampleur de la pandémie.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement a procédé au renforcement du personnel soignant à travers la mobilisation de 22.000 réservistes début mars pour prêter main forte et alléger la pression sur les professionnels dans les différents centres hospitaliers du pays, outre l'augmentation de la capacité en lits de réanimation de 5.000 lits à 10.000 dans la perspective d’atteindre 14.000 prochainement.
Et face au manque grandissant de masques médicaux, autre point sur lequel l'exécutif est fortement pointé du doigt, ce dernier a annoncé samedi une commande de plus de 1 milliards de masques notamment à la Chine, dont un premier lot de 5,5 millions est arrivé dimanche à Paris en provenance du pays asiatique, selon les médias.
Sur un autre volet, et dans une première en Europe, des TGV médicalisés ont été mobilisés pour transférer des malades gravement atteints d’hôpitaux saturés, notamment dans l’Est de la France, vers d’autres régions moins touchées.
Entre jeudi et dimanche, ils étaient au total 56 patients en réanimation à être évacués de Strasbourg, Mulhouse et Nancy à bord de trois TGV spécialement aménagés vers des hôpitaux du nord (Angers, les Pays-de-la-Loire, Le Mans, Nantes, La Roche-sur-Yon), ou encore vers la Nouvelle-Aquitaine, dans le sud-ouest du pays, dans le but d'alléger la pression et désengorger les hôpitaux de la région de l’Est, où les services de réanimation ont atteint leur capacité maximale et se trouvent désormais saturés par la vague épidémique du coronavirus.
Dans le même sillage, les autorités sanitaires ont fait appel à l'armée pour contribuer à cette mobilisation généralisée à travers le déploiement d'un hôpital de campagne à Mulhouse, ainsi que la mobilisation d'avions, de navires et d'hélicoptères pour le transfert des patients.
Dimanche, six patients en réanimation ont été transférés en hélicoptère militaire de plusieurs hôpitaux du Grand-Est vers Grenoble, Essen en Allemagne, et Clermont-Ferrand, après un premier transfert héliporté, samedi, de deux patients en réanimation de Metz vers Essen, en Allemagne.
D'autres transferts avaient été effectués en milieu de semaine par des avions de l’armées, en plus du déploiement de deux porte-hélicoptère dans le sud de l’Océan indien et dans la zone Antilles-Guyane en soutien des territoires ultramar.
Entre-temps, dans un pays confiné depuis deux semaines, les autorités françaises, qui redoutent une importante vague épidémiologique au cours des deux semaines prochaines, insistent sur le fait que vaincre le Covid-19, qui a contaminé quelque 685.000 personnes dans 177 pays, passe avant tout par le civisme des populations et le respect stricte du confinement.