Dans certains pays, notamment asiatiques, plaisanter un 1er avril conduit en prison. C’est le cas à Taïwan où les fausses informations et les blagues de mauvais goût sont passibles d’une peine allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et une amende de 90.000 euros, tandis qu’en Thaïlande un poisson d’avril aux temps du Coronavirus équivaut à une peine de cinq ans de prison.
Cette vieille tradition populaire et médiatique subit le même sort en Europe mais à des proportions moins sévères. Dans les rédactions où l'on avait l'habitude de coller un poisson en papier sur le dos d'un collègue ou publier un papier décalé, la question se pose aujourd'hui sur le plan éthique. Avec le décompte macabre de tous les jours, le temps n'est pas à la plaisanterie.
Plusieurs Etats européens ont renforcé leurs législations pour débusquer et combattre les fake news qui installent un climat de peur et d’inquiétude chez les citoyens. Les longues files d'attente devant les supermarchés et les fausses pénuries sont d'ailleurs une conséquence fâcheuse de ce flux massifs d'informations erronées, sans compter les faux médecins, les guérisseurs, les adeptes des théories folles sur le coronavirus "breveté", les râleurs et autres charlatans du web.
En Belgique où la blague est un sport national, le Conseil fédéral de sécurité s’en est saisi en interdisant aux médias de publier leur poisson d'avril, parce que, argue-t-il, «ce n’est pas le moment».
Face à cette interdiction, qui ôte aux Belges un plaisir qui leur est bien cher, les esprits se sont échauffés notamment entre les communautés francophone et flamande qui ont décidé de maintenir cette tradition, mais en la reportant un peu plus tard cette année. Cependant chacune des deux communautés a choisi une date pour son poisson d’avril.
Les Flamands ont décidé de le célébrer le 1er mai. Les francophones de Wallonie et Bruxelles ont choisi le 2 mai. Ce n’est pas une blague. C’est juste l’éternelle querelle entre Flamands et Francophones qui fait la spécificité du compromis à la belge.