Confinement, distanciation sociale, état d'urgence sanitaire, isolement, mise en quarantaine... les mesures foisonnent pour stopper cette pandémie sans précédent causée par un nouveau coronavirus qui peut être éliminé par un simple geste... celui de se laver les mains.
Le sociologue Ali Chaâbani voit d'un œil positif ce confinement. « C'est une question de temps, c’est un confinement sanitaire et salutaire pour nous tous, en vue de ne pas répandre cette pandémie à nos proches et ceux que l’on aime ainsi qu’à la frange de la société la plus vulnérable », a-t-il confié à la MAP.
Il insiste sur le fait qu'il s'agit d'un confinement temporaire qui a été dicté par les conditions de propagation rapide du Covid-19, estimant que «tout rentrera dans l’ordre et on reprendra notre vie normale ».
Les relations familiales « Silat Arrahem », a-t-il poursuivi, ont pris aussi une nouvelle tournure en utilisant les nouvelles technologies de communication. «Tout un chacun peut avoir des nouvelles de sa famille en vidéo ou audio sans avoir à se déplacer (…). C’est une nouvelle forme de liens entre les familles », a souligné M. Chaâbani.
Cette conjoncture a resserré les liens familiaux puisqu’en temps normal tout le monde était occupé, a-t-il dit, ajoutant que le besoin de demander des nouvelles des voisins, des amis proches et mêmes des collègues de travail est tout à fait normal.
Ce confinement est une leçon de vie pour « remettre en question » et revoir nos pratiques et comportements. En quelque sorte, il y aura un « avant et un après coronavirus », a relevé le sociologue qui énumère des actions positives de cette situation, indiquant que la "chaleur humaine" a refleuri dans les cœurs par le biais d’actions de solidarité, d’aumônes, de cohésion sociale et de don de soi.
« Une fois le confinement fini, tout redeviendra normal. (...) et je n’ai qu’une seule envie, celle de prendre mes parents dans mes bras», confie Sanae, jeune femme qui vit toute seule et ne peut rejoindre ses parents, loin de quelque 300 kilomètres.
Elle mesure, aujourd’hui, avec cet état d'urgence sanitaire, la chance qu'elle a d'avoir des parents. Ce confinement a démontré que ce qui compte vraiment c'est « la famille », d'avoir un toit ou un chez soi !
« Même si je fais du télétravail, ça ne remplit pas mes longues journées, j’attends juste de les voir en vidéo chaque soir pour prendre de leurs nouvelles », a-t-elle révélé.
Pour Amal, professionnelle de santé, elle évite quant à elle de parler avec ses parents, prise par le stress quotidien de travailler dans un établissement de santé en ces moments difficiles. Elle préfère envoyer des audios via les réseaux sociaux, quand elle en a le temps.
« J'envoie un audio une fois par jour, bref et sans détail. Et je ne parle pas du coronavirus », a indiqué cette jeune maman qui dit préférer, une fois rentrée chez elle, ne pas parler de cette situation.
Pendant ce temps de confinement, les liens familiaux se resserrent. «Les temps par lesquels nous passons actuellement nous ont obligés en quelques sortes à revoir les dynamiques de nos relations», raconte Laila. «Que ce soit avec nos proches ou avec nos amis, le souci n'est plus vraiment de se voir, mais de se savoir en bonne santé», a-t-elle tenu à préciser.
«Avec mes parents, nous avons instauré une règle, peu comme un système de pointage. Ils m'appellent le matin pour me rassurer et je les appelle le soir pour en faire de même. Alors qu'avant, nous nous contentions de deux voire trois appels par semaine», raconte-t-elle
Il y a encore quelques semaines, cette jeune femme pouvait se déplacer pour rejoindre ses parents le temps d'un week-end. «L'absence s'oubliait et les longs silences aussi. Les appels vidéo servent un peu à apaiser cet éloignement», a-t-elle relevé, ajoutant que ses pensées vont aussi «à ceux et celles qui sont hospitalisés, seuls, personne à leurs côtés pour les rassurer. Les gens ont juste besoin de savoir qu'ils ne sont pas seuls et oubliés».
Avec ce confinement, Najat n'a pas du tout changé ses habitudes pour parler avec sa famille qui habite à quelque 600 km. « Je continue à avoir la même cadence, mais avec le confinement l’anxiété et la peur ont augmenté pour mes parents puisqu’ils ont des maladies chroniques », a-t-elle dit.
« Je prends contact avec mon petit frère des fois en audio ou vidéo par le biais des réseaux sociaux pour lui dire ce qu’il doit faire quand il est en contact direct avec nos parents », a-t-elle souligné, ajoutant que le contact avec ses frères expatriés se fait comme d'habitude mais avec plus de détails sur le quotidien du confinement.
Si les jeunes vivent tant bien que mal cet état d'urgence sanitaire, les moins jeunes le vivent différemment et avec de l'ennui de ne pouvoir voir leurs proches. C'est le cas de Hajja Khadija: «ce qui me manque le plus ce sont mes petits-enfants», dit cette dame qui avait l’habitude de garder ses petits-enfants quelques jours quand pendant les vacances scolaires.
Mais «ce n’est pas grave tant que c’est mieux de rester confiné en ces temps d'épidémie», se console-t-elle.
Pour Oussama, ce confinement sanitaire démontre clairement que « l'être humain est par définition un être social et il revient aux liens familiaux, quand il est privé de vie sociale», a renchéri cet ingénieur en informatique.
Depuis l’instauration du confinement, «à 21h, j’appelle mon frère et ma sœur pour prendre de leurs nouvelles par appels vidéos, chose que je n’ai jamais faite avant », a indiqué ce quadragénaire.
Cette situation de confinement sanitaire est aussi l'occasion de privilégier la prévention, la bonne alimentation et l'hygiène, a tenu à souligner M. Chaâbani.
De peur de propager le covid-19, « on a été tous contraints à entreprendre une nouvelle façon de vivre en éliminant plusieurs comportements", a relevé le sociologue, estimant que l'Homme s'est remis en question en revenant à l’essentiel !