Sur un ton grave, le président américain, Donald Trump a prédit une "période horrible" dans les jours qui viennent avec un lourd bilan humain.
"Il va y avoir beaucoup de morts, malheureusement. Il y aura beaucoup de morts", a-t-il déclaré lors d'un point de presse du groupe de travail de la Maison Blanche sur la pandémie.
D'après les chiffres publiés dimanche soir, quelque 340.000 personnes ont été contaminées par le COVID-19 alors que le nombre de morts s'approche de la barre de 10.000. Durant les dernières 24 dernières heures, 1200 morts ont été recensés.
Le système de santé est débordé dans les zones les plus affectées, notamment dans l'Etat de New York devenu l'épicentre américain de la maladie avec, jusque là, plus de 4150 morts pour presque le tiers des cas de contamination au niveau national.
Signe d'espoir que la courbe commence néanmoins à descendre dans cette grande métropole, le bilan sur une journée est en légère baisse dimanche avec 594 nouveaux décès en 24 heures comparés aux 630 enregistrés la veille.
Face à l'immensité du challenge, l'armée américaine enverrait 1000 membres de son personnel médical à New York et continuera à soutenir les efforts pour aider à installer des hôpitaux de campagne pour alléger les hôpitaux submergés, a promis M. Trump.
Citant des données projetant l'accélération de la propagation dans plusieurs régions avec des sommets dans les sept jours, il a déclaré s'attendre à la semaine la plus meurtrière depuis le début de l'épidémie de coronavirus.
Dans le même temps, le locataire de la Maison Blanche continue d'afficher sa frustration face à l'impact économique, tout aussi dévastateur, des mesures de confinement, plus au moins stricte, à travers le pays.
"Nous ne pouvons pas laisser cela se poursuivre", a-t-il affirmé à l'heure où des millions d'Américains ont perdu leur emploi dans la foulée du coup d'arrêt de la vie économique pour tenter d'enrayer la progression de l'épidémie.
"Le remède ne pouvait pas être pire que le virus", a réitéré le président américain qui a, par ailleurs, promis que les chèques destinés aux Américains dans le cadre d'un vaste plan d'urgence de 2000 milliards de dollars, allaient bientôt leur parvenir par la poste.
Plus de 10 millions de personnes se sont inscrites pour toucher des allocations de chômage en deux semaines, un record historique qui traduit, selon les spécialistes, un effondrement du marché du travail au niveau de la première économie mondiale.
Tout en rejetant une recommandation d'ordonner un confinement total au niveau de l'ensemble du pays, une décision laissée aux gouverneurs de chaque Etat, le président américain a rassuré que le gouvernement fédéral aller se charger d'acquitter aux hôpitaux les frais de traitement des patients démunis atteints de coronavirus et qui ne disposent pas d'une assurance médicale.
L'Alabama est devenu le 41ème État à décréter des mesures de confinement alors que le procureur général américain vient d'annoncer une hausse du nombre de détenus pouvant bénéficier d'une libération anticipée des prisons fédérales, les plus surpeuplées au monde.
Sur un ton aussi alarmant, le chirurgien général du pays Jerome Adams, a prévenu que le bilan de la pandémie va s’empirer en faisant le parallèle avec les moments les plus sombres de l'histoire des États-Unis, dont les deux pires attaques étrangères sur le sol américain: le raid japonais sur la base de Pearl Harbor en 1941 et les attaques du 11 septembre 2011.
"Cela va être la semaine la plus difficile et la plus triste de la vie de la plupart des Américains, très franchement", a-t-il déclaré sur la chaîne "Fox News".
Pour la coordinatrice du groupe de travail sur le coronavirus à la Maison Blanche, le Dr Deborah Birx, les trois zones à surveiller le plus dans les jours à venir sont le Détroit, la Louisiane et New York.
La courbe de mortalité est à la hausse et les autorités anticipent qu'elle atteigne le pic dans les six à sept prochains jours, a affirmé cette spécialiste.
"Les deux prochaines semaines sont extraordinairement importantes", a-t-elle déclaré. Et "ce n'est pas le moment d'aller faire des courses ni se rendre à la pharmacie, mais de faire tout ce que vous pouvez pour garder en sécurité votre famille et vos amis".
Face à l'ampleur de la propagation, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont recommandé de se couvrir le visage à l'extérieur, une volte-face par rapport à la position initiale de l'administration Trump au sujet de l'utilité du port du masque de protection.
Au delà du bilan humain et économique déjà lourd, les spécialistes s’inquiètent aussi de "l'impact durable" d'un prolongement du confinement sur la santé des Américains invoquant certaines habitudes qui ont accru pendant cette période.
L'épidémie de coronavirus commence à peser sur la santé mentale et émotionnelle des Américains, à en croire un sondage du site d'informations Axios et l'agence Ipsos qui font état notamment d'une hausse de la consommation d'alcool et de stupéfiants.
Les ventes d'alcool ont ainsi grimpé de 55% au cours de la semaine se terminant le 21 mars, les ventes en en ligne ayant explosé de 243%.
Parallèlement, une baisse de l'activité physique et une prévalence d'un régime alimentaire peu équilibré ont accompagné, selon la même source, la hausse du temps passé devant la télévision et les jeux vidéo pour échapper à l'ennui.
Dans une tentative de rassurer sur l'avenir, le vice-président américain Mike Pence, en charge de la gestion de cette crise, a évoqué une "stabilisation" des nouvelles infections, une manière de conforter l'optimisme sans cesse affiché par M. Trump qui, pressé de "rouvrir" le pays, dit entrevoir "une lumière au bout du tunnel".