Si ce hasard de calendrier vient rappeler à tout un chacun les vertus de la coexistence interreligieuse et remet les pendules à l’heure quant à la communauté de notre destin, indépendamment de nos appartenances religieuses, il a surtout forcé l'occasion de nous unir autour de l'abstinence, du renoncement et de l’altruisme.
Outre les célébrations liées aux fêtes religieuses, les adeptes des trois religions monothéistes ont dû renoncer à leurs pratiques de tous les jours, notamment les prières dans les lieux de culte, une situation, qui, loin d'ébranler leur foi, les oblige à s’adapter tant bien que mal.
Tout comme les sommets mondiaux, les cours d’université ou les réunions d’entreprises, les communautés juives et chrétiennes ont visio-célébré leurs cérémonies religieuses de ce printemps.
Les réseaux sociaux, internet et la télévision prennent aussi le relais s’agissant des messes, confessions et prières quotidiennes ou dominicales.
Pour les Musulmans d’Europe où les prières dans les mosquées ont été interdites en raison des règles de distanciation sociale imposées comme mesures barrière contre la propagation du virus, les organes institutionnels chargés de la gestion du culte ont eux aussi investi la toile non pas pour officier aux prières, mais pour prodiguer des conseils, participer à l'effort public de vulgarisation des mesures de confinement, émettre des fatwas et animer des conférences afin de barrer la route aux prêcheurs de fortune.
Pour le directeur du Centre islamique de Bruxelles, Salah Echellaoui, «en cette période difficile, l’accompagnement religieux est nécessaire pour renforcer la foi et propager l’espérance».
Il a expliqué dans une déclaration à la MAP, que le Centre islamique de Bruxelles, en collaboration avec l’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) a enregistré des capsules vidéo pour les diffuser à l’adresse des fidèles, via différents canaux de communication, pour les soutenir et leur permettre de continuer à vivre leur spiritualité en toute sérénité dans ce contexte particulier.
«Nous allons désigner à tour de rôle des imams pour enregistrer des discours religieux sous forme de capsules vidéos, que nous diffuserons ensuite via différentes plateformes», a-t-il affirmé.
Pour M. Echellaoui, il s’agit aussi de mettre en garde par ce moyen contre le danger de certaines vidéos et enregistrements audio, de source douteuse et non officielle, qui circulent déjà parmi la communauté et qui peuvent induire les fidèles en erreur.
Pour le mois de Ramadan durant lequel les mesures de distanciation sociale et la fermeture des mosquées seront toujours en vigueur, les prêches audiovisuels remplaceront les conférences présentielles et les prières collectives basculeront sous la sphère privée.
Quant aux moments de partage du ftour et probablement le jour de l’Aid Al Fitr, si les mesures de confinement sont prolongées, les Musulmans devront se limiter au strict cercle familial.
Ils devront dans ce contexte s’accommoder d'une ambiance inédite où la frugalité remplacera les somptueuses tables garnies et les rayons achalandés en produits de circonstance dans les marchés.
Et à quelque chose malheur est bon, cette situation rappellera à tout un chacun de conférer au Ramadan et à bien d’autres fêtes religieuses leur vrai caractère de spiritualité et de recueillement et de laisser de côté le consumérisme frénétique et d’autres comportements qui nuisent à la communauté.