Alors que de nombreux pays envisagent une levée progressive des restrictions sociales et économiques mises en place pour lutter contre le COVID-19, d'aucuns estiment que sans vaccin ou traitement adéquat, un retour à la vie d'avant la pandémie serait difficile.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a ainsi prévenu qu'une levée prématurée des mesures de confinement pourrait entraîner une "résurgence mortelle" de la pandémie, recommandant une série de critères préalables dont la maîtrise de la transmission du virus, une offre de santé publique, et le maintien des mesures de prévention.
Car, il faudra un vaccin "sûr et efficace", affirme l'agence onusienne, pour interrompre totalement la transmission du coronavirus qui a fait, au dernier comptage, près de 134 000 morts dans le monde et plus de deux millions de cas contaminés.
Tous les espoirs reposent sur un médicament, un vaccin ou une autre thérapie pour perturber l'attaque du virus ou entraver son mécanisme de réplication. Et sur la voie d'un vaccin, une vaste collaboration scientifique a été notamment enclenchée.
D'habitude, il faudrait attendre des années pour développer, tester et fabriquer un vaccin. Pour développer un vaccin contre l'Ebola, il a ainsi fallu une décennie.
Face au Covid-19, la communauté scientifique s'est mobilisée à un rythme record et son travail collaboratif est sans précédent. Outre les essais sur les médicaments approuvés pour d'autres maladies, nombre d'essais cliniques testent des traitements ou des vaccins contre le virus, sous la direction des agences de recherche gouvernementales, des universités et des laboratoires de l'industrie pharmaceutique. Les délais des essais qui demandent généralement des mois ont été réduits en semaines, voire en jours.
Jamais auparavant, s'accordent les scientifiques, autant de chercheurs à travers le monde ne se sont concentrés, de manière si urgente, sur un seul sujet avec une variété d'approches.
Si tous les obstacles n’ont pas été complétement levés, un facteur a donné une longueur d’avance à la communauté scientifique: la séquence génétique du SARS-CoV-2, le coronavirus qui provoque le Covid-19, a été publiée le 11 janvier 2020. Depuis, un flot de données et de connaissances ouvertes et gratuites est partagé par les épidémiologistes, les médecins et autres chercheurs à travers le monde.
Selon l'OMS, le premier essai de vaccin a commencé 60 jours seulement après que la Chine, où les premiers cas ont été identifiés dans la ville de Wuhan en décembre, ait partagé la séquence génétique du virus.
"Normalement, il faut environ un à deux ans pour arriver à ce stade et nous avons en fait réduit ce délai à quelques mois", a déclaré le Dr Rob Grenfell de l'Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (CSIRO) en évoquant des tests en Australie de deux vaccins potentiels contre le coronavirus dans le cadre d'essais en laboratoire.
Pour les sociétés pharmaceutiques, il n'y a soudain qu'une seule priorité: le coronavirus, un défi de santé publique aux proportions alarmantes.
"Nous n'avons jamais été aussi rapides et avec autant de ressources en si peu de temps", a déclaré, au "Wall Street Journal", Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson & Johnson, qui, avec le feu vert du gouvernement américain, a investi un milliard de dollars dans la recherche d'un vaccin contre le COVID-19.
Le géant pharmaceutique prévoit ainsi des tests sur des humains d'ici septembre. Un vaccin pourrait être prêt à une utilisation d'urgence début 2021.
Alors qu'elle est sous les feux de la critique de l'administration Trump qui est allée jusqu'à lui geler la contribution américaine, l'OMS joue un rôle crucial pour encadrer ces efforts de recherches d'un vaccin. Dès février, 400 des plus grands chercheurs du monde ont été réunis pour identifier les priorités de recherche.
L'agence a lancé un "essai de solidarité", un essai clinique international auquel participent 90 pays, pour aider à trouver un traitement efficace. L'objectif était de découvrir rapidement si les médicaments existants peuvent ralentir la progression de la maladie ou améliorer la survie.
Pour mieux comprendre le virus, des protocoles de recherche ont été mis au point et utilisés dans plus de 40 pays, de manière coordonnée, et quelque 130 scientifiques, bailleurs de fonds et fabricants du monde entier ont signé une déclaration dans laquelle ils s'engagent à travailler avec l'OMS pour accélérer la mise au point d'un vaccin.
"La science est extrêmement difficile. Mais nous pouvons ressentir du courage en sachant que tant de chercheurs créatifs, persévérants et infatigables travaillent sur plus de 140 traitements médicamenteux expérimentaux et vaccins, coopérant à travers les entreprises et les frontières nationales", a estimé le comité éditorial du Washington Post.
En attendant un vaccin ou des traitements unanimement recommandés par les scientifiques, les autorités sanitaires à travers le monde n'ont eu d'autres solutions que de recourir à des mesures drastiques comme le confinement, la fermeture des frontières, l'interdiction des voyages, la mise en quarantaine et l'éloignement social pour limiter la propagation.
Aujourd'hui, sur la centaine de candidats vaccins, dont 78 sont confirmés comme actifs, de nombreux sont déjà en phase exploratoire ou préclinique. Il faudrait toutefois attendre encore pour voir un vaccin avant d'espérer tourner la page de cette crise historique majeure.