Sٍuite à l'injonction de rester chez soi, les processions d'étudiants africains en djellabas et turbans blancs qui se déplaçaient entre les classes de l'Institut, sa mosquée et leur résidence, ont disparu. Même constat pour la diversité culturelle et les vêtements multicolores qui égayaient les couloirs de l'Institut et de ses différentes dépendances.
Tout est à l'arrêt. Seule la voix des muezzins de différentes origines qui se relayent pour lancer l'appel à la prière vient casser ce silence inhabituel et omniprésent dans le reste de la capitale, qui grouillait d'activité humaine et de mouvement.
Aussi, le bus qui transportait les fonctionnaires et les employés à l'Institut s'est arrêté, suscitant des interrogations sur la gestion des affaires des étudiants en l'absence des fonctionnaires et du personnel de la restauration ou du nettoyage.
Il s'agit là d'une question qui a trouvé réponse chez le directeur de l'Institut, Abdessalam Al Azaâr, qui a affirmé, dans un entretien accordé à la MAP, qu'un nombre suffisant d'employés de restauration, de nettoyage et de gardiennage, en plus de quelques administrateurs, sont logés sur place.
"Ils ne sont pas autorisés à sortir et les visites ont été également interdites" et ce depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire dans l’ensemble du territoire national pour endiguer la propagation de l'épidémie du nouveau coronavirus, a-t-il expliqué.
L'administration de l'institut a également rencontré les représentants des étudiants en présence du médecin résident et les a informés sur les dangers de l'épidémie et les moyens de s'en prémunir, a poursuivi M. Al Azaâr, ajoutant que ces derniers ont été appelés, à leur tour, à transmettre ces instructions et explications aux autres étudiants, de même que des brochures de sensibilisation et des affiches ont été distribuées et placées de manière visible aux portes de l'institut.
En ce qui concerne le reste des mesures de précaution et des mesures prises par l’établissement pour empêcher la propagation de l'épidémie parmi les étudiants, le directeur de l’Institut a affirmé que l'administration est en contact direct et quotidien avec le ministère de tutelle, qui suit de près la situation, soulignant que tous les étudiants marocains ont été libérés le 14 mars pour rejoindre leurs familles.
Et de préciser que tous les étudiants nationaux et étrangers ont reçu des copies de manuels des matières prescrites et que dans les conditions exceptionnelles actuelles, la formation porte plus sur le volet théorique que pratique.
La mosquée relevant de l'institut représente pour ses étudiants un champ d'applications et de formation pratique en matière, notamment, d'appel à la prière, de prière, d'imamat, de prêche du vendredi, de cours de prédication et de déclamation et ce conformément aux règles du rite Malékite et dans le respect de la récitation coranique selon la version de Warch agréé au Royaume.
Sur la possibilité de développer une nouvelle stratégie basée sur la formation à distance pour élargir la base des bénéficiaires à moindre coût, le directeur de l'Institut a relevé que cet établissement "forme des étudiants et des étudiantes à un niveau spécifique de connaissances scientifiques islamiques et humaines pour devenir des imams, des mourchidines et des mourchidates". Il s'agit, selon lui, d'une formation semblable à la formation continue et donc la présence est nécessaire particulièrement dans le volet pratique.
Quant à la restauration, M. Al Azaâr a fait savoir que les étudiants ont été répartis en groupes ne dépassant pas cinquante personnes pour chaque restaurant, précisant que les étudiants mangeant individuellement et séparément, et il en va de même pour les administrateurs et les employés résidant à l'Institut.
A cet égard, il a expliqué que les véhicules des fournisseurs approvisionnant le restaurant en produits alimentaires sont désinfectés quotidiennement, au même titre que les locaux de l’institut y compris les chambres", précisant que d'autres mesures d’hygiène sont en vigueur, dont la prise quotidienne de la température de tous le personnel et celle des étudiants qui ressentent de la fatigue ou présentent un état fébrile.
Interrogées sur les conditions de leur séjour dans un contexte de confinement, Amina Youssef Touré, mère de 4 enfants, et Embalia Sila, ont affirmé qu’elles vivent à l’institut dans des conditions favorables et suivent leurs études à distance.
Ces deux étudiantes qui enseignent l'éducation islamique dans leur pays, ont partagé leur préoccupation pour leurs familles. "Nous conjurons ce sentiment par les prière et la patience" et nous recommandons à nos familles de se respecter le confinement, les règles de protection et les précautions tout comme nous pour se protéger contre l'infection par le virus", confient-elles à la MAP.
Pour Ahmed Hamad Salman, étudiant originaire du Niger et père de quatre enfants, "de grands espoirs sont placés en les étudiants et les imams, en ce sens qu'ils ont une responsabilité et un message à transmettre. "A l'institut nous sommes en sécurité. Nous respectons le confinement en prenant les précautions préventives nécessaires", a-t-il ajouté.
Revenant sur son état psychologique à la lumière de la conjecture actuelle, Salman affirme que Nous les musulmans croyons que "rien ne nous atteindra, en dehors de ce qu'Allah a prescrit pour nous". "Je n'ai pas le sentiment d'être un étranger au Maroc, car ce pays ne laisse aucune place à la solitude et à l’éloignement, grâce à Dieu", se réjouit-il sourire au lèvres, en évoquant sa nostalgie pour la mosquée à quelques semaines du mois sacré du Ramadan.
En ces temps de pandémie qui s'est répandue dans le monde, l'intérêt commun doit être privilégié et nous prions le Très-Haut d’éradiquer ce fléau le plus tôt possible, a-t-il conclu.