S'exprimant sur les modes de gestion de cette crise, dans la rubrique "question à un expert du PCNS", M. Rezrazi a fait observer que "presque toutes les mesures prises sont d'ordre national, plutôt que régional ou international", notant que les Nations unies elles-mêmes se retrouvent un peu embarrassées, puisque "c'est la première fois que les appels du secrétaire général des Nations unies sont si peu écoutés".
Une résolution a été lancée par le Conseil de sécurité, concernant le coronavirus, mais elle a mal circulé, parce que la gestion de la crise a motivé partout des réactions à l'intérieur des frontières, a-t-il estimé, soulignant que cela risque d'affecter les slogans de solidarité internationale ou régionale, à l'instar du mécontentement exprimé par l'Italie à l'égard de l'Union européenne.
Interrogé sur la gestion asiatique de cette crise, M. Rezrazi a fait remarquer que l'Asie a depuis longtemps développé son expertise dans la gestion des catastrophes naturelles de toutes sortes, comme les tremblements de terre, les tsunamis, les virus infectieux et les accidents radiologiques. C'est une réserve riche de leçons pour l'humanité.
De plus, des sociétés comme le Japon, la Corée du Sud et la Chine ont des cultures où la distanciation sociale est plus facile, avec moins d'intimité physique ou de proximité sensuelle dans leur vie quotidienne, ou même avec l'habitude de mettre des masques.
Mais ce qui retient l'attention de l'expert, c'est que les critères conventionnels de gestion de crise "ne sont plus opérants", ainsi des pays riches ont mal démarré tandis que des pays en voie de développement ont bien réagi. Un pays de taille moyenne comme le Maroc a montré un décisionnel très fort, avec un lancement proactif du confinement avant plusieurs pays, a-t-il expliqué.
De surcroît et à l'inverse des catastrophes naturelles ou radioactives, comme Fukushima, cette crise réunit deux critères de proximité et de durabilité, avec une marge de manœuvre limitée dans la prévision, a relevé M. Rezrazi.
Ainsi, a-t-il poursuivi, dans les bonnes conduites des prises en charge psychologiques des populations en zone de catastrophe, la première mesure consiste à aider les gens à s'écarter de l'espace critique. Or, dans la crise actuelle, cet espace est partout.
Il a, en outre, signalé qu'il peut parfois être difficile de concilier entre le dogme démocratique et celui de la crise, avec des cellules de crise en course contre le temps et la pandémie, notant, dans ce sens, que cette donne peut s'avérer plus compliquée dans les pays les plus libéraux, où l'opinion publique a beaucoup de poids.